De notre envoyée spéciale
Saigon manque cruellement de lits hospitaliers : les 13 500 lits des 34 hôpitaux publics sont largement insuffisants. La durée de séjour est longue (10-15 jours en chirurgie, 15-20 jours en médecine) et deux patients doivent souvent partager le même lit.
En 1999, le budget de l'Etat vietnamien pour la santé était de 350 millions de dollars, soit 4,5 dollars par habitant. Ce chiffre résume le problème : le gouvernement vietnamien n'a pas les moyens de subvenir aux besoins de base de sa population, de rénover les hôpitaux, de payer ses médecins et infirmières et de créer les structures modernes indispensables et réclamées par les classes supérieures et moyennes qui ont émergé dans ce pays depuis une quinzaine d'années. Selon le ministère de la Santé lui-même, 75 % de l'équipement médical hospitalier est obsolète. Le gouvernement ne peut assurer la gratuité des soins ; tout acte médical est payé en espèces par le malade et sa famille et il est impossible de savoir par avance à combien s'élèvera le coût d'un traitement.
Les investisseurs étrangers sont les bienvenus
En 1997, un groupe d'experts vietnamiens publiait un rapport (« The Aid Coordination Meeting for the Health Sector ») décrivant les carences du système de santé et faisait des recommandations, dont certaines méritent d'être soulignées : augmenter la participation financière des patients à leurs soins (ce qui est déjà le cas depuis une dizaine d'années) ; favoriser le développement du secteur privé (85 % des médecins de Saigon ont un cabinet privé en plus de leur activité hospitalière) ; favoriser les investissements étrangers et notamment les investissements 100 % étrangers.
Depuis, la politique du gouvernement vis-à-vis des investissements étrangers s'est beaucoup assouplie (avec des facilités douanières et fiscales notamment).
Restait à savoir s'il existe une population solvable désireuse de disposer de soins de qualité internationale à Saigon. Il semble bien que oui. D'une part, les Vietnamiens aisés et les expatriés vont fréquemment se faire soigner à Bangkok ou à Singapour. D'autre part, on estime à 4 % la proportion de foyers vietnamiens bénéficiant de plus de 1 000 dollars par mois et à 11 % celle recevant plus de 500 dollars. Sans compter l'énorme importance de la « cash economy » dans ce pays et le développement d'assurances santé privées. La population de Saigon s'élevant à 7 millions d'habitants et celle des environs à 18 millions, la clientèle pour un hôpital privé aux normes internationales existe.
Toutes les conditions étaient donc remplies pour que le projet du groupe de médecins pionniers passe de l'idée à son application.
L'ambitieux programme du FV Hospital
Deux cent vingt lits à terme (60 à l'ouverture), 21 spécialités, un équipement et des procédures de soins aux normes internationales... : telles sont les caractéristiques du FV Hospital qui ouvrira ses portes dans un an. Une des originalités de cet établissement sera la présence de médecins permanents (français et vietnamiens) et de médecins qui feront des rotations. Le rôle des permanents est, outre leur activité médicale habituelle, de garantir la continuité des soins et de faire en sorte que les praticiens intermittents soignent des pathologies spécifiques. Dans un but de qualité et d'uniformisation des pratiques, les protocoles communément reconnus en France et validés par les sociétés savantes sont appliqués par tous les soignants du FV Hospital.
La plupart des spécialités seront présentes : urgences, médecine générale, imagerie médicale, médecine nucléaire, anesthésie-réanimation, orthopédie et chirurgie de la main, urologie, ophtalmologie, chirurgie plastique et reconstructrice, gastro-entérologie, chirurgie générale, chirurgie vasculaire et thoracique (mais pas cardiaque), gynécologie, ORL, oncologie, cardiologie interventionnelle, chirurgie dentaire et stomatologie, banque de sang.
A terme, le FV Hospital a pour objectif de transformer l'accès aux soins pour les Vietnamiens, de permettre la formation des professionnels de santé vietnamiens et de transférer le savoir-faire français et les technologies modernes dans ce pays. Dans cinquante ans, le FV Hospital sera offert au Vietnam.
Responsable du projet : Dr Jean-Marcel Guillon. Coordinateur France : Dr Patrick Hérard, tél. 01.45.62.36.75, fax 01.45.62.36.77, herardp@fvhospital.com.
Site Internet : www.fvhospital.com.
Une réunion d'information à Paris
Une réunion d'information sur le FV Hospital est prévue le 8 février à 20 h à l'auditorium de l'hôpital Georges-Pompidou à Paris (20, rue Leblanc, 15e). Les médecins qui pourraient être intéressés par l'exercice rotationnel sont conviés à y assister. Inscriptions au 01.45.62.36.75.
15 jours par an pour les praticiens français
Pour que soit maintenue la qualité des soins, le « système rotationnel » a été choisi. Plus de 400 praticiens français, tous actionnaires de l'hôpital, se rendront au Vietnam quinze jours par an (pendant six ans au minimum) pour exercer dans leur spécialité, moyennant une rémunération de 6 000 dollars. 65 % des postes sont pourvus. On recherche actuellement des ophtalmologistes, des gastro-entérologues, des oncologues, des pédiatres, des stomatologues, des urgentistes et des spécialistes vasculaires.
Le soutien des banques internationales
La finalisation de ce programme d'un montant de 40 millions de dollars, a été rendue possible grâce aux prêts de l'IFC (branche de la Banque mondiale soutenant les projets privés), de la Banque asiatique de développement, de la Banque d'investissement et de développement du Vietnam et de la Proparco (Banque de développement française qui vient de s'associer à l'opération), tous ayant été convaincus de l'intérêt et du sérieux du projet. Mais le financement du FV Hospital repose également sur l'investissement des dix membres fondateurs (1 million de dollars) et 400 médecins « rotationnels » français, qui misent 25 000 dollars (correspondant au droit d'exercice et à 18 actions, avec une rentabilité prévue de 25 % par an sur dix ans).
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