« C'EST un changement culturel passionnant. » Monique Ricômes, qui dirige l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, est l'un des partisans déclarés de la réforme de l'hôpital. Elle n'est pas la seule.
Lors de la Journée des présidents de CME (commission médicale d'établissement), organisée la semaine dernière par la Dhos (Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins), la parole a été donnée aux acteurs de la réforme, ceux qui sont directement concernés. Certains ont témoigné, à la tribune, des premiers enseignements à tirer de la mise en place de la réforme. « On continue à percevoir que, globalement, les médecins soutiennent le concept de la réforme, mais, dans le même temps, ils sont confrontés à certaines difficultés », commente le Pr Pierre Fuentes, président de la Conférence des présidents de CME de CHU. « Or la seule vraie réponse, c'est que personne n'est épargné par les difficultés. »
Le tandem médico-administratif fonctionne.
Il est vrai que le ton du corps médical était plutôt positif lors de cette assemblée. Tout de même, certains ne cachaient pas leur inquiétude. « Nous avons beau être chauds partisans de la nouvelle gouvernance, nous avons du mal à expliquer le burn out des présidents de CME », lance un président de CME d'Ile-de-France. « Les médecins prennent conscience que l'hôpital artisanal, gaspilleur a vécumais craignent dans le même temps l'hôpital usine dans lequel plus personne n'est responsable du malade », enchaîne un autre.
Quid du chef de service ? Un troisième s'interroge sur le bien-fondé de la persistance des chefferies de service, désormais mises en « concurrence » avec les nouveaux pôles. Hors de question de les supprimer, « car les chefs de service restent responsables du soin », estime pour sa part le Pr Michel Carretier, président de la CME du CHU de Poitiers, par ailleurs très agréablement surpris du dialogue qui s'est instauré dans son établissement entre le coordonnateur de pôle et le directeur référent. « Même si le coordonnateur reste décideur, le directeur lui apporte une aide indispensable ». Le rapprochement médico-administratif semble fonctionner dans les établissements. « Les soignants prennent conscience des problèmes médico-économiques », assure le Dr Didier Gaillard, président de la CME de l'hôpital Saint-Joseph, à Paris. « Les frictions ne viennent pas du tandem président CME-directeur mais du collège des chefs de service qui voient leur autorité diminuer au profit des chefs de pôle », explique Bernard Gruson, « grand témoin » de l'assemblée, venu de Suisse porter son regard de directeur des hôpitaux universitaires de Genève. « Il faut aussi compter avec les responsables des soins infirmiers », ajoute-t-il. Les organisations syndicales pourraient elles aussi s'inquiéter de cette nouvelle distribution des pouvoirs.
« Si cette journée a eu lieu, c'est la preuve même que le ministère et la Dhos estiment que la collectivité médicale a un rôle à jouer », estime le Pr Fuentes.
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