VINGT-CINQ MÉDECINS du Vaucluse sont convoqués par la caisse primaire d’assurance-maladie d’Avignon pour s’expliquer sur certaines de leurs prescriptions dans le cadre des ALD et sur la mauvaise utilisation, selon elle, des ordonnances bizones. Pour plusieurs praticiens, et en particulier le Dr Yves Léopold, représentant de la FMF dans le département, «les responsables de l’assurance-maladie et le directeur de la caisse ne cessent depuis des années de tourmenter les médecins, et cette nouvelle affaire d’ordonnancier bizone en est une nouvelle illustration».
Pour ce médecin, les prescriptions contestées concernent avant tout des malades âgés, parfois démunis, parfois même en fin de vie. «Les réclamations, explique le Dr Léopold, ne touchent que deux sortes de patients: les plus démunis, bénéficiaires de la CMU, et ceux porteurs de polypathologies, souvent en fin de vie. Et seuls sont touchés par cette offensive de la caisse primaire les médecins qui s’investissent en gériatrie et dans le maintien à domicile.» Et de dénoncer une fois de plus la «pression exercée par le directeur de la caisse primaire sur les médecins». Le Dr Léopold, qui s’est fait une spécialité dans l’étude du « burn out » des médecins, s’inquiète, dit-il, des conséquences de «ce harcèlement» et de ses conséquences «sur l’exercice et la vie des médecins». Et de rappeler, au détour, que le Vaucluse est l’un des départements où le nombre de médecins qui veulent mettre fin à leur vie est le plus grand.
Du côté de la direction de la caisse primaire, on cherche avant tout à calmer le jeu et à rassurer le corps médical. «Il est vrai, concède le directeur de la caisse, Gérard Arcéga, qu’une première lettre envoyée à une centaine de médecins avait pu paraître trop sévère; mais elle était surtout maladroite, et nous avons depuis rectifié le tir.» Pour ce responsable de l’assurance-maladie locale, «il ne s’agit en aucune façon de sanctionner des médecins, mais d’essayer d’examiner avec eux la meilleure manière d’améliorer les prescriptions dans le cadre de l’ALD et afin que l’ordonnance bizone joue le rôle pour lequel elle est faite. C’est-à-dire la prise en charge des prescriptions qui concerne la maladie principale».
Gérard Arcéga, qui travaille en plein accord, dit-il, avec les médecins de la commission conventionnelle paritaire locale (surtout des médecins de la Csmf qui ont signé la convention), affirme encore que les rencontres avec les praticiens concernés se déroulent la plupart du temps dans un très bon état d’esprit. «Je reçois, dit-il, ces médecins en compagnie de deux médecins de la commission paritaire, et nous essayons de travailler ensemble; cela se passe très bien, et c’est très constructif, notamment dans le cadre de l’élaboration des protocoles d’accord prévue pour les ALD par la réforme de l’assurance-maladie.»
Pour Gérard Arcéga, «c’est un mauvais procès qui est conduit». D’autant, ajoute-t-il, que, en la matière, «l’assurance-maladie s’est plutôt montrée bonne fille. Si une telle affaire était arrivée avec une structure privée, nul doute que des sanctions auraient été prises. Alors que nous-mêmes, nous cherchons avant tout à privilégier la concertation». Un raisonnement qui ne semble guère convaincre tous les praticiens concernés par la convocation de la caisse. «Nous sommes blessés, répond le Dr Yves Léopold. Mais nous ne sommes pas résignés. Nous nous battrons jusqu’au bout.» La polémique n’est pas close.
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