B ENEDICTE POLI est éducatrice dans le service de chirurgie pédiatrique de l'hôpital Porte-Madeleine d'Orléans. Elle vient de recevoir l'un des 8 rameaux d'olivier de la fondation AGF-ATHENA/Institut de France (voir encadré) et le prix du « Quotidien du Médecin », pour son projet de réalisation d'un atelier de création de marionnettes pour contes musicaux. Les 40 000 F de récompense lui permettront de mener à bien son projet, qui sera complété par l'intervention d'un conteur et d'un musicien, pour aider les enfants à donner vie aux personnages qu'ils choisissent.
Le service où travaille Bénédicte Poli, dans le centre d'Orléans, accueille chaque année 6 000 enfants de 0 à 15 ans. Aujourd'hui, la prise en charge de l'enfant à l'hôpital n'est plus concentrée exclusivement sur son état physique mais tient compte également de ses besoins psychoaffectifs - rêve, imaginaire, détente, sourires, dialogues, émotions -, autant d'éléments qui contribuent à l'ensemble des soins.
L'équipe du service en est persuadée, mais les charges de travail et la nécessité d'être disponible en permanence auprès des petits malades laissent peu de temps pour des activités culturelles ou éducatives. D'où l'importance d'une évasion pour l'enfant, notamment au moyen du conte.
Comme l'a montré Bruno Betthelheim, le conte de fées prend très au sérieux les angoisses des enfants et les dilemmes existentiels ; il les aborde directement. Il évoque des épreuves difficiles que le héros finit par surmonter. L'enfant partage les souffrances du héros et triomphe avec lui ; le conte a toujours une fin heureuse et positive. Il donne du plaisir à l'enfant qui, une fois la formule magique prononcée, ne bouge plus et entre dans l'ailleurs. Le récit va alimenter et stimuler son imagination.
Mais ce conte doit avoir un support, et ce sera la marionnette, animée par la voix et la main humaines. Elle représentera un personnage, un animal ou un objet. Elle s'imposera comme médiateur pour exprimer les peurs, les critiques, la colère, la révolte. Elle sera le support pour raconter un conte.
Le grand plus de ce projet, c'est de donner aux enfants la possibilité de confectionner eux-mêmes leur marionnette, en mousse, et de pouvoir l'emporter chez eux à la fin de leur hospitalisation. La présence d'un musicien offrira à l'enfant la possibilité de jouer avec les sons et fera travailler son imaginaire pour créer des bruitages en rapport avec l'histoire racontée. Il sera guidé par la présence du musicien, qui lui fera découvrir des instruments nouveaux ou des objets susceptibles de devenir des instruments lorsque l'enfant détourne leur utilisation.
Le projet prévoit un atelier hebdomadaire, avec le conteur et le musicien costumés pour créer une atmosphère. Quand le conteur a commencé son histoire, les enfants choisissent les personnages qu'ils souhaitent mettre en valeur et confectionnent des marionnettes. Quelle que soit la pathologie de l'enfant, qu'il soit immobilisé, plâtré ou perfusé, il pourra avoir accès à l'un des pôles de l'atelier. Les artistes représentent un relais entre les soignants et les enfants, en donnant toute leur valeur à l'échange et à la parole.
Huit lauréats 2001
En 1995, la fondation AGF-Athéna/Institut de France a créé les rameaux d'olivier pour distinguer des actions de mécénat de proximité, individuelles ou collectives, qui cherchent à améliorer la vie quotidienne de patients en milieux médicalisés.
La dotation globale de 250 000 F (38 000 [219]) est répartie cette année entre huit lauréats de la région Centre et Pays de la Loire (chaque année une région différente est sélectionnée). Les candidatures, parrainées exclusivement par les collaborateurs et les agents généraux du groupe AGF, sont examinées par un jury tripartite composé des responsables des différents réseaux commerciaux du groupe, de professionnels de la communication et de représentants du monde médical et associatif.
« Le Quotidien du Médecin » attribue une dotation supplémentaire à l'un des lauréats sélectionnés.
Outre le service de chirurgie pédiatrique du CHR Porte Madeleine d'Orléans, les lauréats 2001 sont :
- l'association Adel Centre, pour une salle de détente au service d'oncologie-hématologie de l'hôpital Clocheville de Tours ;
- l'unité de soins en pédopsychiatrie de l'hôpital Saint-Jacques de Nantes, qui accueille de jeunes adolescents, pour un espace d'expression artistique ;
- le service de chirurgie pédiatrique du CHU Robert-Debré d'Angers pour le développement de l'atelier de musique ;
- Cigale, Association Autisme Loiret, à La Ferté Saint-Aubin, pour un atelier de théâtre pour jeunes autistes ;
- la Tarlatane, pour l'atelier de théâtre de l'institut de rééducation et de psychothérapie La Turmelière, à Liré ;
- le service de pédiatrie et de néonatologie du CHD de La Roche-sur-Yon, pour promouvoir la pratique de la musique ;
- l'Association des jeunes de l'institut Le Chatelier Henri Ey à Saint-Florent-sur-Cher, pour compléter la formation professionnelle d'adolescents souffrant de troubles graves de la personnalité.
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