« DISEASE MANAGEMENT », éducation thérapeutique, accompagnement des patients, aide à l'observance des traitements... Force est de constater que bichonner les malades chroniques devient de plus en plus « tendance », même si la sémantique utilisée, les modalités pratiques et les acteurs impliqués peuvent beaucoup varier.
Ainsi, le régime général de l'assurance-maladie se prépare à lancer au premier trimestre 2008 une expérimentation auprès de 150 000 à 200 000 patients diabétiques de type 1 ou 2 dans dix départements pilotes (1), avant une éventuelle généralisation à la France entière en 2009-2010. Si la CNAM communique pour l'instant a minima sur le sujet, son plan proposé au gouvernement pour l'an prochain précise que tous ces malades devraient disposer de «supports personnalisés d'information» sur leur pathologie. En fonction de l'état de santé des patients, s'y ajouteront des contacts téléphoniques réalisés par des infirmières pour prévenir les complications, et donc les hospitalisations.
La CNAM a choisi de viser d'abord les patients atteints d'un diabète «en raison du fort enjeu médico-économique de cette affection», explique sans détour la caisse nationale dans son plan pour 2008. En effet, le remboursement annuel moyen s'élevait à 5 900 euros pour un patient diabétique en 2004. Or la CNAM s'attend à voir le nombre de malades augmenter jusqu'à «2,8millions de personnes en 2016», du fait du développement de l'obésité.
Fidèle à sa réputation de laboratoire d'idées innovantes, la Mutualité sociale agricole (MSA) a déjà initié puis généralisé ses « ateliers du bien-vieillir » et son programme d'éducation thérapeutique pour les personnes souffrant de maladies cardio-vasculaires. D'abord testé dans neuf régions volontaires à partir de 2004, ce programme consistait à demander aux médecins traitants d'inciter leur patients en ALD, suivis pour insuffisance cardiaque ou une maladie coronaire, à participer à trois séances de groupe portant sur leur vie quotidienne (nutrition, vécu, activité physique, autosurveillance...). Depuis 2006, ces séances d'éducation thérapeutique sont systématiquement proposées par les services médicaux de la MSA lorsqu'un assuré de moins de 75 ans rentre dans le régime ALD au titre d'une hypertension artérielle, d'une insuffisance cardiaque ou d'une maladie coronaire. Le régime agricole voudrait obtenir un taux de participation de 30 % de la population cible (soit 3 500 personnes) au terme de cette année.
Le petit régime des mines s'apprête aussi à promouvoir dans plusieurs régions (Nord-Pas- de-Calais, Est et Sud-Est) «une approche globale [sur le plan sanitaire et social, Ndlr] et coordonnée des personnes atteintes de maladies chroniques, en particulier le diabète, l'insuffisance cardiaque et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ». Cette expérimentation, coordonnée par les médecins traitants du régime minier, nécessite la formation de médecins, pharmaciens, infirmières, qui pourront réaliser des «bilans à domicile, séances d'éducation thérapeutique, (et) suivi téléphonique», précise la caisse des mines.
Par ailleurs, la Haute Autorité de santé (HAS) et l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) viennent de publier un guide méthodologique servant à structurer les programmes d'éducation thérapeutique du patient dans le champ des maladies chroniques.
D'autres acteurs du système de santé s'intéressent de près aux ALD et aux malades chroniques en général. La Mutualité française (regroupant environ 60 % des complémentaires santé) développe son projet «Priorité santé mutualiste», qui vise, dans un premier temps, à mieux orienter les malades du cancer dans les parcours de soins.
Enfin, les laboratoires pharmaceutiques n'ont pas dit leur dernier mot sur leurs aides à l'observance des traitements médicamenteux. Entre 2001 et 2006, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) a autorisé huit programmes financés par eux (concernant la sclérose en plaques, l'ostéoropose, l'obésité et l'hypertension artérielle). Un amendement parlementaire réglementant ce type d'aide à l'observance avait suscité début 2007 une levée de boucliers chez les syndicats médicaux et les associations de patients. Le sénateur centriste Nicolas About devrait bientôt déposer une nouvelle proposition de loi revue et corrigée. Début novembre, Les Entreprises du médicament (LEEM) réaffirmaient la «responsabilité» et l' «obligation» des industriels dans ce domaine, en particulier quand les traitements sont complexes et nécessitent le respect de «précautions d'emploi ou de prise du traitement».
Il reste que, face à la multiplication des programmes d'accompagnement de certains patients, les médecins peuvent s'interroger sur le devenir du colloque singulier.
(1) Alpes-Maritimes, Ariège, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Loiret, Puy-de-Dôme, Sarthe, Seine-Saint-Denis, Tarn.
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