La podoconiose (Éléphantiasis endémique non associé à une filaire) est retrouvée dans une dizaine de pays tropicaux (Afrique, Amérique centrale, Amérique du sud, nord de l’Inde) chez des paysans qui marchent pieds nus sur de la terre rouge d’origine volcanique. On estime qu’un million de personnes sont atteintes en Éthiopie. La podoconiose est considérée depuis peu par l’OMS comme une maladie tropicale négligée.
Le peu que l’on sait sur la physiopathologie de la maladie remonte à 1980 : il semble que les particules minérales présentes dans la terre rouge pénètrent dans la peau et sont dirigées par les macrophages dans le système lymphatique des membres inférieurs ; d’où une réponse inflammatoire puis une fibrose puis une obstruction des lymphatiques. Mais la maladie ne survient pas chez toutes les personnes qui marchent pieds nus sur ce sol, même si l’on a trouvé des particules minérales dans les lymphatiques et les ganglions de personnes non atteintes. Les observations suggèrent une interaction entre gènes et environnement ; l’héritabilité est estimée à 63 % ; et, dans la fratrie d’un sujet atteint, le risque est de 5,07. Ce qui a conduit à rechercher une prédisposition génétique. C’est dans ce cadre que Fasil Tekola Ayele et coll. publient dans le « New England Journal of Medicine » une étude réalisée dans le sud de l’Ethiopie sur 194 cas et 203 sujets contrôles.
Les chercheurs ont identifié une association significative entre la podoconiose et un polymorphisme (rs17612858) au niveau du locus HLA-DQA1, avec un odds ratio de 2,44 (et 2,19 sur un modèle additif).
Par ailleurs, l’étude suggère d’autres associations avec 7 autres polymorphismes situés sur ou près de HLA-DBQ1, HLA-DQA1, HLA-DRB1. Le typage HLA confirme que sont des variants à risque les allèles HLA-DRB1*0701 (odds ratio 2,00), DQA1*0201 (OR : 1,91), DQB1*0202 (OR de 1,79) ainsi que l’haplotype HLA-DRB1*0701-DQB1*0202 (OR de 1,92).
« L’association entre des variants des loci HLA de classe II avec la podoconiose (maladie non transmissible) suggère que cette maladie pourrait être une pathologie inflammatoire médiée par les cellules T ; elle constitue un modèle pour les interactions gène-environnement qui peuvent être en cause dans d’autres maladies génétiques complexes », concluent les auteurs.
N Engl J Med, 29 mars 2012, pp. 1200-1208.
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