Certaines pathologies telles que syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) et la narcolepsie sont étroitement liées au risque d’obésité. Mais, ces dernières années, une trentaine d’études épidémiologiques transversales et longitudinales sur de larges populations ont également montré une relation entre un sommeil court et l’élévation de l’indice de masse corporel (IMC), à la fois chez l’adulte et l’enfant.
Sur le plan hormonal, comme l’a démontré Karine Spiegel (Inserm/UCBL-U628, Lyon) en 2004, la réduction de la durée de sommeil diminue la leptine produite par les cellules adipeuses (qui induit la satiété et augmente la dépense énergétique) et augmente la ghréline sécrétée par l’estomac (qui stimule l’appétit et réduit la dépense locomotrice). Cela augmente la faim et l’appétit, en particulier pour les aliments riches en graisses et en sucres. Un temps de sommeil trop court (moins de 6 heures par 24 heures) est donc délétère. Inciter les personnes obèses – via un suivi et une éducation thérapeutique adaptés – à dormir suffisamment (selon leurs besoins) contribue, ainsi, à réguler leur appétit et favoriser la perdre de poids. D’après la Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre, responsable du Réseau Morphée (1), « le manque de sommeil est un facteur facilitant la prise de poids. Il est important de ne pas se mettre en dette de sommeil quand on veut maigrir. À l’inverse, un sommeil trop long pourrait aussi constituer un facteur de risque d’obésité ».
Métabolisation et signaux de satiété brouillés
Des études cliniques et épidémiologiques indiquent, par ailleurs, qu’un temps de sommeil court ou de mauvaise qualité pourrait aussi nuire au métabolisme du glucose et augmenter le risque de diabète, indépendamment d’un changement de l’IMC. « Outre une durée de sommeil trop courte, l’irrégularité des horaires du lever, du coucher, et des prises alimentaires sont également des facteurs de risque avérés. Un déphasage brutal dans le sommeil (équivalent à 6 heures), accompagné d’une prise alimentaire, peut entraîner une mauvaise métabolisation de certains aliments (le sucre, par exemple) et donc, une résistance à l’insuline. Il existe une sorte de cartographie temporelle des différentes fonctions de l’organisme : la régularité des horaires de lever, de coucher et des prises alimentaires, est donc primordiale au bon fonctionnement de nos organes », explique la Dr Royant-Parola.
Sur le plan comportemental, le manque de sommeil s’accompagne de somnolence diurne rendant difficile l’activité physique et favorisant le grignotage. De même, l’allongement du temps disponible pour manger – découlant de la privation de sommeil – explique la prise de poids. « Les personnes qui manquent de sommeil affirment très souvent qu’elles mangent à la fois pour se tenir éveillées et pour récupérer de l’énergie. La prise de poids, est favorisée par le fait que ces personnes ont tendance à grignoter des aliments très sucrés et salés favorisant la compulsion. Par ailleurs, comme le sommeil, l’alimentation doit avoir un début et une fin. Or, le fait de grignoter en journée, en étant par exemple à moitié somnolant, sur un canapé en regardant la télé, brouille les signaux de satiété et augmente la prise de poids. Il est important de retrouver des comportements adaptés, centrés sur la fonction mise en jeu : c’est-à-dire, réserver la chambre au sommeil et à l’intimité et ne manger que lorsque l’on se met à table », conclut la Dr Royant-Parola.
(1) Réseau de santé dédié à la prise en charge des troubles chroniques du sommeil : http://www.reseau-morphee.fr
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature