« TEST DE LA CHAÎNE d’alerte et de traitement d’un cas suspect sur un site aéroportuaire. » Premier du genre, l’exercice de simulation qui s’est déroulé vendredi à Lyon a permis de vérifier «la bonne qualité de la réponse médicale. Les agents du Samu, les personnels hospitaliers, les experts en virologie sont préparés à une telle situation», a constaté Dominique de Villepin, qu’accompagnaient ses ministres de la Santé, Xavier Bertrand, et des Transports, Dominique Perben, en présence des 135 journalistes venus de toute la France, mais aussi des pays anglo-saxons et du Japon.
Maître d’oeuvre des opérations, le Pr Dominique Peyramond, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital de la Croix-Rousse, était sur le pont depuis plusieurs semaines, avec les six médecins seniors et les cinq médecins attachés que compte son équipe. «Mais notre tradition de service de référence en infectiologie remonte à plusieurs années, précise le PU-PH, depuis la construction, en 1999, du laboratoire P4 Jean-Mérieux, unité de recherche sur les virus, unique en Europe. Depuis lors, nous sommes dotés d’une chambre P4, la seule en France capable de prendre en charge des patients atteints de maladies hautement contagieuses, avec une pression d’air négative et un filtrage à double sas.»
Le service lyonnais dispose également de quelques chambres classifiées P3 et P2. Mais le Pr Peyramond s’empresse de souligner qu’ «en présence d’un cas de grippe aviaire, de tels équipements ne sont pas requis. Et l’exercice de simulation a permis de le vérifier».
Résultats des prélèvements connus en six heures.
Le scénario retenu avait imaginé que deux personnes atterrissaient à l’aéroport de Saint-Exupéry, dans un terminal isolé, en provenance d’Asie du Sud-Est, potentiellement infectées par la grippe aviaire, avec une symptomatologie suspecte. «Les différentes phases de l’alerte se sont impeccablement succédées, détaille le Pr Peyramond : «Intervention des médecins de l’aéroport, puis de l’équipe du Samu, confirmation des cas suspects par les spécialistes régionaux de l’Institut de veille sanitaire (InVS), arrivée au service de maladies infectieuses, réalisation des prélèvements de gorge et de nez, puis communication, six heures plus tard, des résultats sérologiques.»
Deux étudiants en médecine jouaient les patients. Ils ont été admis dans des chambres P2, équipées de sas d’entrée et de dispositifs de ventilation séparés. Mais, souligne le chef de service, par ailleurs membre du Cshpf (Conseil supérieur d’hygiène publique de France) et l’un des concepteurs-rédacteurs du plan gouvernemental Pandémie grippale, «notre exercice a montré qu’il suffisait d’observer un minimum de précautions pour contrôler efficacement la situation: port de masques chirurgicaux pour les patients, de masques FFP2 pour les personnels soignants, lavage des mains. Et, naturellement, chacun se doit de garder le plus grand sang froid. A ce stade de la pandémie, avec transmission du H5N1 de l’animal à l’homme et en l’absence de transmission interhumaine, on est en présence d’infections qui doivent être traitées essentiellement en médecine de ville. Et c’est l’un des enseignements que nous tirons pour les généralistes, une prise en charge simple est très bien adaptée dès lors que chacun garde son calme».
Un calme dont les professionnels de la Croix-Rousse ne se sont pas départis, malgré l’intense pression médiatique qui s’exerçait sur eux, avec, à une vingtaine de kilomètres seulement de l’hôpital, le site de Versailleux (Ain) et la suspicion du premier cas de grippe aviaire dans un élevage de l’Union européenne.
Dominique de Villepin s’est ensuite rendu sur le site de Sanofi-Pasteur, à Marcy-l’Etoile (Rhône), pour évaluer la préparation du vaccin pandémique sur lequel travaille le laboratoire. Selon les résultats préliminaires des premiers essais cliniques présentés au Premier ministre, «le vaccin induit une bonne réponse immunitaire chez un nombre significatif de volontaires».
Mettant en avant sa «responsabilité» de «tout faire pour assurer l’information et la protection des Français», le chef du gouvernement a promis que les pouvoirs publics feraient preuve d’une totale «transparence sur l’éventuelle progression de la maladie».
Interrogé cependant sur le caractère éventuellement anxiogène de la communication tous azimuts, il a estimé que «l’anticipation, la transparence (constituaient) la meilleure façon d’éviter la panique, l’anxiété. Cela contribue à dédramatiser les choses. Une meilleure connaissance pour nos compatriotes, c’est la garantie que chacun sera en situation de prendre ses responsabilités».
«Nous voulons éviter que ne se répande un sentiment d’incertitude et de panique à mesure que progresse en Europe le virus H5N1», a déclaré, comme en écho depuis Bruxelles la ministre autrichienne de la Santé, Maria Rauch-Kallat, à l’issue d’une réunion des ministres de ses homologues de l’UE.
Pour tenter de mettre fin à la «confusion» déplorée par le commissaire européen à la Santé, Markos Kyprianou, les 25 pays membres ont décidé de se retrouver le mois prochain pour définir «une communication claire et transparente, avec un langage commun qui évite les messages contradictoires».
L’Europe semble décidée à parler d’une même voix en matière de sécurité sanitaire.
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