EN 2004, EN BELGIQUE, près 200 personnes ont été euthanasiées dans le cadre de la loi, et 260 entre mi-2002 et fin 2003. Plus de la moitié des euthanasies ont été pratiquées à l'hôpital, et les autres à domicile ou en institution. S'il est facile pour les médecins hospitaliers, une fois la décision prise en accord avec le patient ou sa famille (voir encadré), de procéder techniquement à cet acte, il n'en est pas de même à domicile, en raison de la difficulté d'obtenir les produits adéquats hors du circuit hospitalier.
A la demande de l'association de médecins flamands Leif (Forum d'information sur la fin de vie), qui travaille sur tous les aspects de la mort, y compris l'euthanasie, la chaîne Multipharma a mis au point un « kit » destiné aux médecins libéraux amenés à pratiquer une euthanasie au domicile du patient. Il se compose de deux produits, le penthotal et le Norcuron, et de tous les dispositifs nécessaires à l'injection et la perfusion. En général, le penthotal est suffisant pour mettre fin aux jours du malade, le Norcuron étant utilisé comme produit « de secours ».
Non remboursable.
Les conditions de délivrance sont extrêmement strictes : c'est le médecin qui pratiquera l'acte qui doit aller lui-même chercher le kit à la pharmacie, laquelle vérifie que toutes les procédures nominatives et réglementaires ont été respectées. A l'issue de son acte, le médecin doit rendre le matériel utilisé à la pharmacie, afin que rien ne traîne chez lui ou chez le patient. Le kit est facturé une centaine d'euros, non remboursable par l'assurance-maladie.
Comme l'explique Paul Perdieus, pharmacien conseiller chargé de ce dossier chez Multipharma, il ne s'agit pas bien sûr de faire du commerce avec les kits, mais de permettre aux patients à domicile et aux médecins libéraux de bénéficier concrètement de la loi, au même titre qu'à l'hôpital. A Gand, poursuit-il, quelques pharmaciens indépendants avaient déjà monté un tel système en collaboration avec les médecins, et c'est cette expérience locale qui a poussé la chaîne à la reprendre dans l'ensemble du pays. L'initiative vise donc, avant tout, à répondre à la loi : elle s'inspire aussi de la situation néerlandaise, où les pharmacies vendent depuis longtemps des kits équivalents, les Pays-Bas ayant été, dès 1995, le premier pays européen à légaliser l'euthanasie.
La législation belge
La loi du 28 mai 2002 dispose qu'un médecin peut pratiquer un acte d'euthanasie, dès lors que le patient, majeur et conscient, en a fait la demande réfléchie et répétée, et se trouve dans une situation sans issue, incurable et entraînant des souffrances inapaisables. Par ailleurs, toute personne majeure peut demander qu'une euthanasie soit pratiquée sur elle si elle se trouvait un jour dans une « situation d'inconscience irréversible selon l'état actuel de la science », et charger une « personne de confiance » d'informer les médecins de cette demande. De son côté, le médecin doit suivre une procédure précise avant de réaliser l'acte. Il doit informer le malade et s'assurer de la persistance de sa demande, puis consulter un second médecin, et s'entretenir avec les autres soignants du malade et ses tiers.
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