Le NDT II-JUNIOR permet de faire entrer dans le spectacle les jeunes danseurs issus de l'Ecole de ballet avant qu'ils n'intègrent éventuellement la troupe. Le NDT III-senior, qui donnera ensuite une longue pièce de Mats Ek conçue pour lui, permet à ceux qui, ayant atteint ou dépassé l'âge de la retraite, de continuer de danser dans des spectacles à vocation plus théâtrale comme c'est de mode aujourd'hui.
Avec sa quinzaine de danseurs âgés de 17 à 22 ans, le NDT II vient de montrer sur la vaste scène du théâtre de Chaillot l'excellence de son ensemble et la flexibilité de style dont il est capable. D'emblée, ils frappent très fort avec « Indigo Rose », une déjà ancienne chorégraphie de Kylián (1998), un modèle de fluidité, de rigueur et de jeux sur symétrie-asymétrie dans un décor simple du chorégraphe qui, par deux cordes, délimite un espace astucieusement exploité par les neuf danseurs. Elle culmine sur une fugue de Jean Sebastien Bach, exercice cher à Kylián, dont s'acquittent ces jeunes avec une souplesse et une intelligence musicale extraordinaires.
Les chorégraphies suivantes de Paul Lightfoot et Sol León et même la dernière pièce de Kylián n'atteignent jamais en émotion l'intensité de cet « Indigo Rose ».
De fait « Shutter Shut » (2003), brève étude de quatre minutes réglée pour deux danseurs sur un poème de et lu par Gertrude Stein, mène dans un monde plus convulsif dans lequel les mouvements sont réglés sur le poème syncopé.
« Subject to Change », avec ses dix-huit minutes, est très sophistiqué et trop long pour la minceur de ses idées chorégraphiques. Donnée en dernier, la plus récente pièce de Kylián (2002), titrée « 27'52" » selon sa durée, sur une musique de Dirk Haubrich basée sur deux thèmes de Gustav Mahler, fait appel à des idées et à un vocabulaire plus modernes. Six danseurs s'échauffent, dans une esquisse de décor signée Kylián, et, peu à peu, s'installe une ébauche de danse. Bien que l'abstraction reste la règle, ils semblent raconter une histoire au propos parfois violent. Plusieurs niveaux d'action se développent sur la même scène et sur une musique sidéro-planante entrelardée de lecture de textes poétiques en français et en allemand (taoïques, bouddhique, de Baudelaire avec « l'Albatros » et même de Barbara).
La technique des danseurs est toujours superlative, l'intensité est sans relâche, un solo du jeune Bastien Zorzetto, déjà repéré dans « Indigo Rose », épate et séduit. On peut penser que s'il est moins inspiré par ce genre de narration méditative, quand il s'y colle, Kylián fait mieux que ses confrères.
Théâtre national de Chaillot (01.53.65.30.30). Prochain spectacle : « Trois Générations » de Jean-Claude Gallotta, du 21 au 23 mai.
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