DÈS AVANT LE LEVER de rideau sur les Alpes piémontaises, dans trois jours, devant 35 000 spectateurs privilégiés et deux milliards de téléspectateurs, Turin 2006 semble bien placée pour décrocher la médaille des jeux Olympiques de la technologie médicale la plus avancée. Le Dr Patrick Schamasch, directeur de la commission médicale du CIO, aligne comme à la parade des établissements flambants neufs, un staff impressionnant et des moyens techniques sans précédent pour assurer la prise en charge médicale de la famille olympique : 2 500 athlètes, autant d’accompagnateurs, 10 000 journalistes, 6 000 invités et 1,5 million de spectateurs. L’importance du dispositif tient déjà à la configuration particulière de ces Jeux, répartis autour de trois villages : Turin, avec ses cinq lotissements et ses deux zones (la zone résidentielle et la zone internationale), Bardonecchia et Sestrières. Compte tenu des distances qui séparent ces sites (une centaine de kilomètres, entre une heure trente et deux heures de route de montagne au minimum), il a été nécessaire de construire trois polycliniques olympiques dotées chacune d’équipements complets. Une douzaine d’établissements hospitaliers étant mis en alerte à proximité.
Plus de 400 médecins, 480 infirmiers et 1 800 secouristes.
Au total, le staff médical va mobiliser 425 médecins, 480 infirmiers et 1 800 secouristes. Pour les joindre, deux numéros d’appel, le 118 (numéro national italien d’urgence) et le 800.118.200 (numéro spécial créé pour les JO), avec des opérateurs urgentistes parlant français et anglais (langues officielles).
A ce triple dispositif s’ajoute la grande nouveauté de Turin, fruit de la convention passée entre le CIO et GE Healthcare, la filiale médicale du groupe General Electric. Dans le passé, comme encore en 2002 aux Jeux de Salt Lake City, en cas d’accident, les victimes graves devaient être transportées en hélicoptère ou en ambulance à travers les embouteillages jusqu’à l’hôpital le plus proche. C’était aux médecins présents sur les pistes de décider de l’évacuation, sans disposer de toutes les connaissances précises sur le degré de gravité du traumatisme. Pour ces Jeux, ils seront dotés de six exemplaires des tout derniers systèmes portables d’échographie multifonctions, les plus miniaturisés du marché. Un système mobile leur permettra de surcroît de scanner les athlètes sur le lieu même de leur blessure ; le système IRM mobile EXcite II fournira une qualité d’image permettant de détecter aussi bien les traumatismes crâniens, ceux de la colonne vertébrale, les petites lésions et les parties internes du corps en mouvement.
Un équipement portable d’échographie, principalement utilisé pour les examens musculo-squelettiques, aidera au diagnostic des éventuelles déchirures de ligaments, foulures de cheville, fractures et autres traumatismes fréquents chez les athlètes en compétition.
Un diagnostic cardio-vasculaire immédiat sera par ailleurs possible avec des systèmes ultrasons miniaturisés. Grâce à des connexions sans fil, les médecins pourront transférer les fichiers des données cardio-vasculaires et consulter les services spécialisés des établissements hospitaliers.
La recherche bénéficiera au final de ces nouveaux moyens : des études cliniques seront lancées, destinées à explorer des méthodes d’évaluation des traumatismes (épaule et genou), ainsi que les suivis cardio-vasculaires.
Les trois polycliniques olympiques seront encore équipées de systèmes d’information et d’imagerie numérique de pointe fournis par Eastman Kodak, qui permettront aux radiologues d’envoyer des clichés, tomodensitométries et autres images numériques, ainsi que des observations des médecins aux spécialistes des hôpitaux de la région et d’ailleurs.
Médecin chef du Comité olympique français (COF), le Dr Maurice Vrillac, qui participe à Turin aux 18es Jeux de sa carrière, constate que cette métamorphose technologique n’est pas sans incidence sur l’ambiance. «Certes, les préoccupations des sportifs restent peu ou prou les mêmes, mais la complexité croissante des moyens employés pour le diagnostic comme pour la thérapeutique ne contribue pas forcément à plus de sérénité au sein des équipes...»
Quoi qu’il en soit, «tous les Algeco (structures en préfabriqué, ndlr) sont équipés dans les trois villages, tous les professionnels de santé sont parés», se félicite le Dr Schamasch, après avoir effectué les ultimes vérifications, la semaine dernière. Le staff médical est en ordre de bataille, tout comme l’équipe du contrôle dopage (lire ci-dessous). La fête olympique peut commencer, le dieu Esculape ne sera pas en reste.
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