Dans la population atteinte de handicap, la prévalence de l’obésité peut atteindre 30 % chez les enfants et un adulte sur deux. Les facteurs conduisant à un déséquilibre de la balance énergétique sont multiples, génétiques et environnementaux : d’une part activité physique réduite, baisse de la dépense énergétique -du fait de la moindre masse maigre- et insuffisance gonadique et, d’autre part, impulsivité alimentaire, effets de certains médicaments comme les neuroleptiques et apports excessifs. « Il est par exemple très difficile d’évaluer les besoins énergétiques des enfants avec une gastrostomie, a indiqué la Dr Béatrice Dubern. Nous réduisons les apports de 20 à 30 % par rapport à ceux recommandés dans la population générale, mais il s’agit là d’une démarche tout à fait empirique ».
Une prise de poids excessive peut également survenir au décours de la prise en charge d’une malnutrition, situation également fréquente chez les enfants handicapés. « Il est ainsi important de bien réévaluer les besoins nutritionnels et réduire le cas échéant les apports après la phase d’augmentation nécessaire pour le rattrapage », a de son côté souligné le Pr Frédéric Gottrand.
Afin de limiter le risque d’obésité, il est recommandé de surveiller régulièrement l’état nutritionnel, et d’assurer une prise en charge multidisciplinaire, associant des mesures diététiques et la pratique d’une activité physique (kinésithérapie, balnéothérapie) et limitant tant que faire se peut la prescription de médicaments favorisant la prise de poids.
Une prise en charge individualisée
Les obésités syndromiques associent une obésité précoce à d’autres anomalies neurodéveloppementales. C’est le cas du syndrome de Prader Willi, archétype de l’obésité syndromique qui touche un nouveau-né/20 000 naissances. À côté d’anomalies du contrôle central de la prise alimentaires récemment mises au jour, les enfants souffrant de ce syndrome ont une masse musculaire réduite et présentent des anomalies du tissu adipeux, marquées par une faible inflammation et une grande expansibilité. C’est aussi le cas du syndrome de Bardet-Biedl, ciliopathie qui associe une atteinte rétinienne et une obésité, qui pourrait être secondaire à un défaut de transport du récepteur de la leptine. Une obésité est également fréquemment présente dans le syndrome de l’X fragile et la trisomie 21.
La prise en charge doit être individualisée, adaptée à chaque situation, mais dans ces obésités syndromiques, il apparaît important de ritualiser l’alimentation, afin de donner un cadre et contrôler au mieux la prise alimentaire. « Un plateau-repas avec un nombre restreint d’aliments est une option intéressante, a rapporté le Dr Dubern. Une activité physique doit parallèlement être favorisée, ce qui implique une étroite collaboration entre les parents et les différents soignants ».
La place de la chirurgie bariatrique est très discutée dans les obésités avec déficience intellectuelle. « Les études sont peu nombreuses et leurs résultats controversés », a rappelé le Dr Dubern, avant de préciser que dans ses recommandations de 2015, l’ESPGHAN (European Society for Paediatric Gastroenterology, Hepatology and Nutrition) a prôné la prudence avec une discussion au cas par cas.
D’après les communications de la Dr Béatrice Dubern (Paris) et du Pr Frédéric Gottrand (Lille). Congrès de la Société française de pédiatrie, Marseille, 17-19 mai 2017
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