Le Temps de la médecine :
La mort en face
Contrairement à l'imagerie traditionnelle, la fosse commune est aujourd'hui le mode d'inhumation le plus élaboré sur le plan sanitaire. Devenue tranchée gratuite au XIXe siècle, puis, en 1976, terrain commun, elle est formée de fosses individuelles qui, dans la vingtaine de cimetières que compte la ville de Paris, depuis 1991, sont des caveaux individuels cimentés. Ces caveaux sont dits autonomes, c'est-à-dire qu' « ils sont étanches et ne polluent ni l'air, ni le sol, seuls à faire ainsi l'objet d'une conception soucieuse de l'environnement », affirme Guy Lelièvre, du service des parcs et jardins de la Ville de Paris (dont dépendent les cimetières).
Pour protéger les sols, il suffit d'un béton étanche que n'importe quel bétonnier est capable de couler. Pour l'air, le principe est plus élaboré, avec un épurateur de gaz qui utilise le principe dit d'aérobie : « Une méthode naturelle, explique le responsable technique, qui procède de la différence entre les températures diurnes et nocturnes, lesquelles induisent, du fait de l'inversion entre le pression de l'air dans le caveau et la pression extérieure, une circulation de l'oxygène et des gaz d'origine organique. A la sortie, une filtration est effectuée en surface à l'aide d'un liquide bactéricide. »
Au contraire de concessions classiques, les terrains communs font donc figure de modèles écologiques. Quelque 3 600 caveaux au total en sont équipés, précise Mme Vitani, conservatrice du cimetière de Thiais où les divisions dites des indigents les accueillent.Depuis 2002, à la suite des actions entreprises par le collectif « les Morts de la rue », des plaques portant mention des noms, prénoms et dates de décès, peuvent y être apposées. Les corps y sont gardés pendant au moins cinq ans, conformément aux règlements funéraires, avant d'être dirigés vers le crématorium du Père Lachaise.
En l'absence de dispositif d'épuration d'air, les sépultures traditionnelles sont dotées d'un vide sanitaire (un mètre obligatoire entre chaque cercueil) censé permettre un brassage d'air suffisant. Mais, remarque-t-on à la Ville de Paris, aucune étude n'a jamais été réalisée pour tenter de mesurer et d'analyser la qualité de l'air dans ces grands espaces urbains que constituent les cimetières, en dépit de la concentration très élevée de corps qui s'y trouvent.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature