Développer le DPC

Des incertitudes demeurent

Publié le 29/01/2015
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Crédit photo : PHANIE

Comment vont se dérouler les programmes de développement professionnel continu (DPC) en 2015 ? « Il faut bien reconnaître que nous avons encore quelques incertitudes sur ce point, notamment sur la question du financement. En 2014, le DPC pour les ophtalmologistes s’est déroulé dans des conditions plutôt satisfaisantes. Mais pour 2015, il y a un risque de voir baisser les fonds alloués. Ce qui pourrait remettre en cause l’activité des organismes agréés », souligne le Dr Jean-Paul Tavin, membre du bureau national du syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) dont il est le délégué de la commission Formation et évaluation.

Le DPC a été mis en place par la loi HPST votée en 2009. L’idée du nouveau dispositif, pas toujours simple à comprendre pour les médecins, est de réunir dans une même démarche la formation médicale (FMC) et l’évaluation des pratiques professionnelles (EPP). « Depuis 2013, tous les médecins, qu’ils soient libéraux ou hospitaliers, ont l’obligation réglementaire de valider annuellement leur DPC », souligne le Dr Tavin, tout comme d’ailleurs les autres professionnels de santé et ce, quel que soit leur statut et leur mode d’exercice.

Pour s’inscrire à un programme de DPC, un médecin libéral doit simplement se connecter sur le site www.mondpc.fr pour se créer un compte personnel, c’est une formalité indispensable et obligatoire. Ensuite, il peut choisir un ou plusieurs programmes de DPC dans sa spécialité, toujours via ce site. Les médecins hospitaliers doivent, de leur côté, consulter leur employeur qui doit organiser leur DPC. Mais ils peuvent aussi consulter les programmes proposés, par exemple, en ophtalmologie, sur le site www.mondpc.fr.

Ces programmes sont dispensés par des organismes qui ont reçu un agrément de l’Organisme de gestion du DPC (OGDPC), après une évaluation par une commission scientifique. « Avant 2013, la procédure était assez longue et compliquée. Il fallait se soumettre à un cahier des charges très détaillé. Mais aujourd’hui, la procédure est plus souple. Il a été décidé d’agréer tout le monde et d’étudier ensuite, au cas par cas, le profil des organismes. Résultat, alors qu’il y avait auparavant une cinquantaine d’organismes de DPC, il y en a aujourd’hui plus d’un millier. Ce qui n’est pas toujours facile à suivre pour les médecins. Aujourd’hui, des propositions de DPC fleurissent un peu partout (par mail, téléphone, courriers, en congrès… C’est à chacun de faire son choix, et d’être réactif pour s’inscrire », indique le Dr Tavin.

Le SNOF a fait le choix de ne pas faire de demande d’agrément pour le DPC. À la différence de ce qui peut exister dans d’autres spécialités, il n’y a donc pas d’organisme de DPC spécifiquement dédié à l’ophtalmologie. Les programmes pour les ophtalmologistes sont proposés par des organismes ayant une offre plus large, comme par exemple l’AFML (association de formation des médecins libéraux) dont la commission scientifique compte le Dr Tavin parmi ses membres, mais aussi les associations NOSO (nouvelle organisation de soins ophtalmologiques) et FOCAL.

Le DPC doit faire co-exister une évaluation des pratiques professionnelles et un renforcement des connaissances. Les formules proposées sont donc assez diverses. Il existe d’abord des formations présentielles, qui nécessitent la présence du médecin sur le lieu de la formation. « Ces formations sont notamment proposées lors des congrès. Le problème est qu’actuellement cohabitent des formations agréés et d’autres non, mais dont le contenu est pourtant intéressant », constate le Dr Tavin.

Aujourd’hui, on constate aussi un large développement des formations à distance (e-learning). « C’est très apprécié par les ophtalmologistes, qui n’ont pas toujours le temps de faire des formations présentielles. Ils trouvent donc un grand intérêt à ces formations qui peuvent se faire à leur rythme et sans quitter leur cabinet », indique le Dr Tavin.

En général, pour valider son obligation de DPC, il faut suivre une formation mixte faisant coexister une phase à distance (en général l’évaluation de pratique) et une phase avec présence (formation, renforcement de connaissances). « Il faut aussi rappeler que le DPC comprend une partie cognitive mais aussi évaluative, qui n’est pas encore complètement entrée dans la philosophie des médecins français. Dans des nombreux pays, les médecins sont soumis à des accréditations régulières mais, en France, ils n’aiment pas trop qu’on les évalue », indique le Dr Tavin, en ajoutant que la contrainte imposée par le DPC reste quand même « relativement légère ».

Si le système a plutôt bien fonctionné en 2014, la visibilité pour 2015 n’est pas optimale, notamment sur l’aspect financier. « L’OGDPC, avait prévu au départ un forfait de départ de 3 000 euros par médecin. Cette somme était destinée à indemniser le médecin mais aussi à rémunérer l’organisme délivrant la formation », indique le Dr Tavin, en précisant que l’OGDPC est financé par une cotisation sur le chiffre d’affaires des laboratoires pharmaceutiques, une contribution de l’assurance-maladie sur les fonds de la formation conventionnelle et une dotation de l’État. « Mais, avec la crise, tout le monde est en train de rogner un peu partout. Et il semble que le montant des forfaits pourrait être revu à la baisse », indique le Dr Tavin.

Selon lui, cette incertitude complique l’activité des organismes de DPC. « Certains ont embauché du personnel, qui devra être licencié si les montants sont divisés par deux ou par trois. Et surtout, ces organismes ne savent pas quels types de formation ils pourront proposer en 2015, ni leur durée », indique le Dr Tavin qui conclut par ces mots, « mais le DPC continue et des sessions de DPC spécifiquement destinées aux ophtalmologistes seront proposées pour l’année 2015, aux confrères de répondre et de s’inscrire ».

D’après un entretien avec le Dr Jean-Paul Tavin, membre du Bureau du SNOF (délégué de la commission Formation et évaluation), et du Conseil scientifique de l’AFML (Association de formation des médecins libéraux).

Antoine Dalat

Source : Bilan spécialistes