PRÈS DE 1,1 MILLION de femmes de 18 à 60 ans ont subi des violences en France, en 2005 ou 2006 (rapport 2007 de l'Observatoire national de la délinquance). La violence dont sont victimes les femmes est un phénomène multiforme, avec des agressions physiques, sexuelles, morales, psychologiques et verbales, qui sur- viennent dans la famille, dans la rue ou au travail (voir encadré). Mais seulement 9 % des victimes saisissent la justice. Dans ce contexte, à la veille de la Journée internationale du 25 novembre pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le secrétariat d'État à la Solidarité lance une nouvelle campagne intitulée « Ne laissez pas la violence s'installer. Réagissez. » Trois dessins légendés publiés dans la presse quotidienne et féminine, en octobre-novembre, s'adressent l'un à la femme battue, l'autre au témoin (souvent un enfant) et le troisième au bourreau ( «C'est un homme comblé, avec une maison, deux bambins, un chien et une épouse rouée de coups», dit le texte). Parallèlement, des dépliants « victimes » (600 000 exemplaires) et « auteurs » des violences (200 000), ainsi qu'une brochure à l'usage des professionnels (50 000) et trois affichettes reprenant les annonces presse (150 000) sont diffusés auprès du mouvement associatif.
Le secret médical levé.
La première action de sensibilisation de ce type a été lancée en 1989, mais la loi du silence a la vie dure. Le législateur ouvre des pistes pour qu'il en soit autrement. En cas de meurtre, la réclusion à perpétuité est à la clé. Au travail, en matière de harcèlements moral et sexuel, les sanctions maximales atteignent un an d'incarcération et 15 000 euros ; pour les mutilations sexuelles 20 ans et 150 000 euros, la victime disposant de vingt ans après sa majorité pour porter plainte. Le violeur, lui, risque trente ans de prison.
Ici et là, cela bouge, lentement, notamment grâce à la levée du secret médical avec l'accord de la victime. L'évaluation de l'incapacité totale de travail (ITT) – que la femme exerce ou non une activité professionnelle – par un généraliste ou un praticien d'unité médico-judiciaire permet aussi de débloquer des situations, influant sur la qualification juridique des faits et la peine encourue.
La campagne « Ne laissez pas la violence s'installer. Réagissez » est partie intégrante du 2e plan triennal 2008-2010 sur la violence envers les femmes* (« le Quotidien » du 23 novembre 2007). Valérie Létard, qui pilote le dispositif, espère intégrer dans les deux ans «la problématique des brutalités conjugales dans la formation initiale des étudiants en médecine», à l'instar de ce qui a été fait pour les mutilations sexuelles.
* www.travail-solidarite.gouv.fr.
Chiffres
166 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint (2007).
410000 ont été victimes de violences physiques de la part d'un concubin ou ex-compagnon (2005 ou 2006).
130000 femmes ont été violées (2005 et 2006) ; 2 % ont été victimes de harcèlement sexuel, 260 000 de violences sexuelles hors mariage (2005 ou 2006) ; 17 % ont été victimes de pressions psychologiques au travail, 8,5 % d'agressions verbales (2006)
1milliard d'euros, c'est le coût annuel des violences au sein du couple (ministère de l'Emploi)
65000adultes ou fillettes sont mutilés ou menacées de l'être (2006).
70000 filles de 10 à 18 ans sont exposées à un mariage forcé (en Île-de-France, dans le Nord, l'Oise, la Seine-Maritime, l'Eure, le Rhône et les Bouches-du-Rhône).
Faites le...
39.19, Violences Conjugales Info (coup d'appel local), du lundi au samedi de 8 heures à 22 heures et de 10 heures à 20 heures les jours fériés ; ou site stop-violences-femmes.gouv.fr.
01.43.17.90.01, Mission femmes françaises à l'étranger.
119 Allô Enfance Maltraitée ; ou www.mariageforce.fr, réseau pour les jeunes filles confrontées aux violences et aux ruptures familiales (Planning familial).
0.800.05.95.95(gratuit), Viols Femmes Informations, du lundi au vendredi de 10 heures à 19 heures.
01.45.84.24.24, Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail, du lundi au vendredi de 9 h 30 à 15 heures.
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