L'enquête épidémiologique cas-témoins démarre après l'alerte reçue par les services de la direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS) de la Somme. Au cours de la nuit du 13 au 14 janvier 2001, le SAMU signale que des résidents et certains membres du personnel d'une maison de retraite ont présenté des vomissements et/ou de la diarrhée, et suspecte une toxi-infection alimentaire.
Au total, 19 personnes ont été malades, 17 parmi les 113 résidents et 2 parmi le personnel. Les symptômes sont caractéristiques et régressent en moins de 24 heures chez tous les patients : diarrhée aiguë (présente dans 89,5 % des cas), vomissements (63,1 %), douleurs abdominales (26,3 %). Aucun patient n'a présenté de fièvre supérieure à 38,5 %.
La courbe épidémique, avec des cas groupés dans le temps, suggère une source commune et ponctuelle de la contamination, ce que confirme l'enquête.
Les coprocultures réalisées chez 15 malades (13 résidents et 2 membres du personnel) sont négatives pour Salmonella, Shigella, Campylobacter et Yersinia. Cependant, parmi les 19 échantillons de selles envoyées au CHU de Dijon pour une recherche virologique, 13 sont positifs pour le norovirus ; aucun n'est positif pour les autres virus recherchés (sapovirus, astrovirus, adénovirus 40 et 41, et les rotavirus).
L'enquête alimentaire menée par la direction départementale des services vétérinaires (DDSV) et le Service communal d'hygiène et de santé met en cause la consommation des huîtres servies au repas de midi du 12 janvier : 17 des 19 malades en ont consommé (89 %), contre 11 parmi les 20 témoins interrogés (55 %).
Les analyses effectuées sur les échantillons d'huîtres confirment la présence d'ARN de norovirus. Elles suggèrent, en outre, une ingestion d'huîtres multicontaminées, car 5 souches différentes sont identifiées et plusieurs patients sont infectés par 2 souches.
Pas de cas secondaires
« Cette épidémie est un nouvel exemple impliquant la consommation de coquillages. Elle est également l'occasion de souligner l'implication des virus du genre norovirus dans les toxi-infections alimentaires collectives, nécessitant des recherches spécifiques afin de les identifier. »
Plusieurs cas d'épidémies de ce type ont déjà impliqué les norovirus (anciennement appelés virus Norwalk-like). La transmission de la maladie se fait par voie oro-fécale. L'infection survient après l'ingestion d'aliments contaminés soit lors de leur manipulation par des personnes infectées, soit par l'intermédiaire du milieu hydrique. Les aliments les plus régulièrement en cause sont les coquillages et, en particulier, les huîtres. Des mesures d'hygiène prises de façon précoce permettent d'éviter, comme dans cette maison de retraite de la Somme, l'apparition de cas secondaires (transmission interhumaine, contact avec l'environnement souillé des malades).
* N° 8/2003, 18 février.
Savoir rechercher Campylobacter
La prescription d'une coproculture n'est pas recommandée lors d'épidémies communautaires de gastro-entérites mais seulement en cas de diarrhée avec séjour récent en zone tropicale, de diarrhée invasive, de toxi-infection alimentaire collective (TIAC) ou de diarrhée chez un patient infecté par le VIH. Cependant, elle fait partie du bilan systématique, au même titre que la recherche de parasites, du bilan de certains syndromes diarrhéiques non infectieux en pratique médicale courante.
Une enquête publiée dans le « BEH » (18 février), portant sur toutes les coprocultures réalisées par 14 laboratoires d'analyses de biologie médicale pendant une année, a tenté d'évaluer la fréquence des bactéries entéropathogènes le plus souvent isolées dans les infections communautaires et celle des souches de Escherichia coli O157. Leur prévalence, dans les 4 838 coprocultures analysées, est faible (5,3 %). Surtout, des deux entéropathogènes le plus fréquemment isolés, Salmonella (48,9 %) a une plus forte prévalence que Campylobacter (36,9 %), contrairement à ce qui est observé dans d'autres pays. Selon les auteurs, ce résultat pourrait être attribué à une moins bonne expertise des laboratoires dans l'isolement des bactéries. « Il serait souhaitable que des actions de formation et une standardisation des techniques accompagnent la mise en uvre de cette recherche », disent les auteurs de l'étude. E. coli est le germe le moins isolé (1,1 %), alors que Yersinia enterocolitica (8 %) est plus fréquent que Shigella sp. (5,3 %).
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