«QUEL POURRAIT être le comble pour le boulanger? Etre allergique à la farine!» La formule, qui ressemble à une blague de potache, n’en est pas une. Elle introduit d’ailleurs le document technique « Les réactions allergiques aux poussières de farine », destiné à informer les professionnels sur les moyens simples de prévention à mettre en oeuvre pour diminuer les émissions de poussières dans le fournil. Sa publication à 27 000 exemplaires en décembre 2001 et en janvier 2006 dans la revue professionnelle « les Nouvelles de la boulangerie pâtisserie » est l’une des actions menée depuis 1999 par la Cnamts et la profession des boulangers, représentée notamment par l’Institut national de la boulangerie-pâtisserie (Inbp), pour lutter contre les allergies respiratoires liées à la poussière de farine.
Déjà présente lors des éditions de 2004 et 2006, l’assurance-maladie participe de nouveau au Salon national de la boulangerie, qui se tient à Paris du 11 au 14 février. Son site, intitulé « Halte aux poussières de farine », accueille sur trois espaces les boulangers et les pâtissiers désireux de s’informer : un espace de documentation, un espace d’exposition de matériel, un espace de discussion avec un médecin du travail. «Respirer de la poussière de farine n’est pas bon pour la santé», note la Cnamts, qui ajoute : «Aujourd’hui, c’est à la profession de délivrer ce message aux boulangers afin d’introduire progressivement les méthodes de travail préconisées. »
Un quart des asthmes professionnels.
Les allergies respiratoires (asthme et rhinite) sont particulièrement fréquentes dans la profession. En France, la farine est la première cause d’asthme professionnel. Avec les poussières de céréales et l’alpha-amylase (enzyme d’origine fongique qui facilite la fermentation par la levure), elle est incriminée dans 25 % des cas d’asthme professionnel, un pourcentage qui atteint 33 % chez l’homme. Reconnus comme maladies professionnelles, l’asthme et la rhinite sont peu déclarés – une centaine de cas par an – car beaucoup de salariés craignent un licenciement ou un reclassement. Quelque 100 000 boulangers (30 000 artisans et 70 000 salariés) sont concernés. La prévention repose sur la réduction des poussières de farine. Deux sources principales d’empoussièrement ont été identifiées : les opérations manuelles lors de la fabrication du pain (vidage du sac de pétrin, fleurage) et du nettoyage ; l’utilisation et le nettoyage des machines.
La campagne « Des petits riens qui font du bien ! » est destinée à promouvoir les gestes simples de bonnes pratiques qui ont été testées et validées lors d’études antérieures : apprendre à vider son sac de farine sans le secouer, étaler la farine à la main sans la projeter ou encore utiliser une raclette pour nettoyer le plan de travail au lieu d’une soufflette. D’autres solutions nécessitent un investissement financier, comme la mise en place d’une ventilation du local, l’achat d’une diviseuse anti-projection de farine ou d’un aspirateur pour le nettoyage.
La campagne « Outils plus sûrs », lancée en 2004, propose cette année une aide financière aux boulangers ou pâtissiers qui souhaitent s’équiper d’un aspirateur. Une subvention d’un montant de 300 euros est allouée à ceux qui en font la demande. Cette nouvelle aide n’annule pas l’accompagnement financier proposé pour l’achat d’une diviseuse anti-projection.
Les bonnes pratiques le plus tôt possible.
Conscients qu’un changement de pratiques professionnelles (apprendre des gestes appropriés, choix du matériel) reste difficile après plusieurs années d’expérience, la Cnamts et l’Inbp ont décidé de s’adresser prioritairement cette année aux apprentis. L’objectif est de diffuser les bonnes pratiques le plus tôt possible, dès l’apprentissage, sans effrayer les jeunes qui ont choisi la profession. Depuis novembre, une bande dessinée, « Faut pas rigoler avec les poussières de farine », est diffusée auprès des centres de formation (CFA). Document ludique et pédagogique, il met en scène deux jeunes, asthmatiques, qui se rendent chez leur employeur respectif. Un seul des deux a revu sa pratique et a acheté les machines adéquates. Le retour au centre est l’occasion pour les deux jeunes de confronter leurs expériences devant les autres stagiaires au cours d’un jeu de questions/réponses arbitré par l’enseignant en charge de leur formation.
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