De notre correspondante
LE SYNDROME des jambes sans repos (SJR), dont la fréquence croît avec l'âge, touche de 5 à 15 % de la population européenne. C'est une cause majeure de perturbations du sommeil. Il se manifeste par des sensations désagréables, les impatiences des membres inférieurs, et une composante motrice, les mouvements périodiques. Il en résulte de grandes difficultés d'endormissement.
Les mouvements périodiques du sommeil, présents chez 80 % des patients atteints peuvent entraîner des micro-éveils et une accélération de la fréquence cardiaque. La répétition de ces éveils peut conduire à une fragmentation et à une destructuration du sommeil.
Les mécanismes physiopathologiques du SJR restent incertains. Un déficit en fer l'accompagne parfois. Un antécédent familial est également noté dans la moitié des cas et sa fréquence varie en fonction de l'ethnie. Les études génétiques n'ont pu impliquer que des régions chromosomiques, mais aucun gène de susceptibilité n'avait encore été identifié.
Une importante avancée, issue de deux études génomiques d'association, est rapportée dans le « New England Journal of Medicine » et dans « Nature Genetics ».
Responsable de 50 % du risque génétique.
Stefansson et coll. de deCODE Genetics (Reykjavik) ont découvert, en étudiant une cohorte islandaise de cas-témoins, une association significative entre un variant commun du gène BTBD9 (chromosome 6p21.2) et les mouvements périodiques du sommeil (RR = 1,8). Cette association a été confirmée dans une autre cohorte islandaise (RR = 1,8), ainsi que dans une cohorte américaine (RR = 1,5). Ce variant est responsable de 50 % du risque génétique de SJR avec mouvements périodiques du sommeil dans ces populations. Toutefois, ce variant apparaît plutôt comme un déterminant génétique des mouvements périodiques du sommeil (RR = 1,9), puisqu'il leur est associé en l'absence de SJR, mais n'est pas associé au SJR sans ces mouvements.
Le variant à risque BTBD9 est inversement corrélé aux réserves en fer, ce qui concorde avec le rôle suspecté du déficit martial dans la pathogenèse du SJR ou des mouvements périodiques. Les taux sériques de ferritine diminuent de 13 % pour chaque copie du variant à risque. La fonction du gène BTBD9 reste inconnue.
Juliane Winkelmann (Max Planck Institut de Psychiatrie, Munich) et coll. ont conduit une étude génomique d'association portant, dans un premier temps, sur une cohorte allemande de 400 patients, ayant un antécédent familial de SJR, et de 1 600 témoins. Puis ils ont confirmé leurs associations dans deux autres cohortes, l'une allemande, l'autre canadienne.
Ils ont trouvé, eux aussi, une association entre le SJR et le même variant du gène BTBD9 (chromosome 6p), ainsi qu'une association avec deux autres variants – l'un dans le gène homeobox MEIS1 (chromosome 2p), l'autre dans une région du chromosome 15q contenant les gènes encodant la kinase MAP2K5 et le facteur de transcription LEXCOR1.
Chaque variant génétique est associé à plus de 50 % d'augmentation du risque de SJR et l'association des variants alléliques confère plus de la moitié du risque.
Puisque le gène MEIS1 a été impliqué dans le développement des membres inférieurs, il est possible que le SJR comporte des éléments d'un trouble du développement.
Ces résultats, avec la poursuite des études, «offrent l'espoir… d'une compréhension de la physiopathologie du syndrome et que cette connaissance aboutira à de nouveaux traitements», conclut dans un éditorial le Dr John Winkelman (Boston).
Winkelman et coll. « New England Journal of Medicine », 19 juillet 2007 ; Stefansson et coll. « Nature Genetics », 19 juillet 2007, DOI: 10.1038/ng2099.
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