UNE ÉQUIPE de chercheurs néerlandais a identifié trois loci génétiques associés au risque de goutte. Pour parvenir à ce résultats, le Dr Abbas Dleghan (Rotterdam) a analysé le lien entre le taux d'acide urique et le génome de 7 699 participants de la cohorte de Framingham, ainsi que de 4 148 personnes incluses dans la cohorte de Rotterdam. Associer ces deux populations permet d'obtenir une cohorte diversifiée dans ses origines.
L'analyse génomique initiale a montré l'existence d'un polymorphisme sur au moins un nucléotide chez 11 024 patients d'origine européenne et chez 3 843 patients d'origine africaine.
Au total, trois loci étaient associés à un taux sanguin d'acide urique élevé dans la population de Framingham, alors que seulement deux loci étaient impliqués dans la cohorte néerlandaise. Au sein de chacun des loci, les auteurs ont identifié les variants le plus souvent en cause : rs16890979 au niveau de SLC2A9, rs2231142 sur le locus ABCG2 et rs 1165205 au niveau de SLC17A3.
Des tests de dépistage.
Dans la population d'origine européenne, c'est le premier variant qui était le plus souvent retrouvé, alors que, chez les sujets d'origine africaine, il s'agissait de rs2231142.
On connaissait déjà deux gènes de susceptibilité à la maladie : SLC22A12, qui code pour le transporteur principal de l'urate, SLC2A9, qui code pour un autre transporteur de moindre importance. Le travail des chercheurs néerlandais confirme donc le rôle de SLC2A9 et ajoute deux nouveaux transporteurs à la liste des gènes qui peuvent être impliqués dans l'apparition de la goutte. Il permet aussi d'imaginer la mise en place de tests de dépistage de la susceptibilité à l'hyperuricémie dans une population tout-venant. L'analyse génomique effectuée sur les deux populations analysées permet d'estimer que de 2 à 13 % de la population de Framingham et de 2 à 8 % de celle de Rotterdam est porteuse d'un gène de susceptibilité à la goutte.
Ce travail n'apporte pas de données fonctionnelles sur les deux nouveaux transporteurs. Tout au plus sait-on qu'ils sont localisés au niveau de la membrane apicale des cellules tubulaires et qu'ils joueraient un rôle sur l'élimination rénale de l'acide urique. L'analyse du rôle physiologique de ces transporteurs, de leurs interactions avec les médicaments uricosiques et certains diurétiques pourraient permettre de mieux comprendre les mécanismes d'élimination rénale de l'acide urique. Ils pourraient aussi contribuer à la recherche de nouvelles pistes thérapeutiques complémentaires des mesures diététiques et de l'utilisation de médicaments interférant avec la métabolisation de l'acide urique tels que l'allopurinol et le febuxostat.
« Lancet » publié en ligne le 1er octobre 2008.
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