APRES QU’ANCEL KEYS eut rapporté un taux de mortalité plus bas dans les régions méditerranéennes, en relation avec les habitudes diététiques, le terme de « régime méditerranéen » a été couramment utilisé. En Finlande, on a enregistré une chute linéaire des infarctus du myocarde après modification des habitudes alimentaires – lait allégé, remplacement du beurre par la margarine, consommation de fruits et de légumes facilitée par un prix abordable, et une distribution simplifiée. En outre, on considère désormais que l’obésité, le manque d’activité et l’apport excessif de graisse jouent également un rôle dans l’apparition de certains cancers, notamment au niveau de la sphère digestive (cancer colo-rectal).
Des études prospectives centrées sur les composants alimentaires des régimes méditerranéens ont mis en évidence un rôle protecteur dans certains types de cancer. En particulier, il a été reconnu que les fruits pouvaient avoir un rôle protecteur dans le cancer du poumon et les fibres dans le cancer colo-rectal (étude Epic, European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition). Il y a un lien entre la consommation de tomates et l’incidence du cancer de la prostate, aussi bien dans les études prospectives que rétrospectives, mais pas dans l’étude Epic. Enfin, une attention particulière a été portée au vin, qui fait partie du régime méditerranéen ; rappelons que le vin rouge est riche en polyphénols et que le risque d’apparition de la plupart des cancers n’existe qu’en cas de consommation élevée.
Un effet positif.
Mais, plutôt que de considérer l’impact de chaque nutriment, les chercheurs ont récemment porté leur attention sur l’ensemble du régime alimentaire. L’adhésion au régime méditerranéen a ainsi été quantifiée (de 1 à 10) permettant de constater qu’une diminution des décès par cancer était associée à un haut score d’adhésion au régime alimentaire, avec un risque relatif de 0,76 (de 0,59 à 0,98). Un essai multicentrique longitudinal chez les sujets âgés de 70 à 90 ans (Hale, The Healthy Ageing, a Longitudinal Study in Europe) a également montré que l’adhésion au régime méditerranéen permettait de protéger contre certains cancers.
La Lyon Heart Study a étudié les cas de cancers chez 605 patients ayant une maladie coronaire et bénéficiant soit d’un régime méditerranéen, soit d’un régime contrôle (niveau I de l’American Heart Association). Dans cette étude, les résultats sont tout à fait en faveur d’une possible protection du régime méditerranéen contre la mortalité liée à tous les cancers. Enfin, un travail encore en cours en Sicile a pour dessein d’étudier les taux d’hormone dans le sang et les urines comme facteurs prédictifs précoces des cancers du sein : pendant un an, les femmes du groupe étudié assistent une fois par semaine à des cours de cuisine basés sur l’utilisation des ingrédients naturels du régime méditerranéen, comprenant des céréales entières, des légumes, du poisson, des légumes... pendant que les sujets contrôles reçoivent seulement des conseils pour augmenter leur consommation de fruits et légumes.
Un plan de lutte contre le surpoids.
Tous les gouvernements, toutes les grandes institutions de santé ont pris conscience des fléaux que représentent l’obésité et le surpoids, principaux facteurs de risque dans l’augmentation du diabète de type 2, des maladies cardio-vasculaires et de certains cancers. Pourtant, à ce jour, on dénombre un milliard de personnes en surpoids ou obèses dans le monde, dont 200 millions d’Européens. Afin de changer en profondeur les habitudes alimentaires des Français, une politique de santé publique accompagnée de mesures réglementaires est à élaborer. Développer l’accessibilité des fruits et des légumes frais pour lutter contre l’obésité apparaît comme un enjeu majeur. Dans la mesure où les fruits et les légumes frais sont des aliments protecteurs pour la santé, il s’agit de réfléchir aux moyens à développer pour donner à chacun la possibilité réelle d’augmenter sa consommation.
D’après les communications de E. Riboli (France) et D. Palli (Italie), lors de la 3e édition de la Conférence internationale Egea (Rome) organisée par Aprifel.
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