Centre de référence en France pour la prise en charge et la recherche sur les tumeurs d’Ewing, l’Institut Curie effectue la majorité des tests diagnostiques moléculaires sur ce sarcome. C’est ainsi que l’équipe d’Olivier Delattre (INSERM U830/Institut Curie) a pu étudier le matériel génétique de 594 enfants chez lesquels une tumeur d’Ewing était suspectée. Grâce à une nouvelle technique de séquençage (Next Generation Sequencing), les chercheurs ont découvert que certains échantillons ne présentaient pas la même mutation que celle de la tumeur d’Ewing. Ils ont réussi à isoler 24 échantillons présentant cette nouvelle mutation, à savoir une inversion d’une partie du chromosome X conduisant à la fusion de deux gènes proches, BCOR et CCNB3.
Ensuite, les chercheurs ont comparé le matériel génétique de ces échantillons à celui des personnes atteintes d’un sarcome d’Ewing. Résultat : l’expression d’environ 3 000 gènes est différente. « Cette "nouvelle" fusion est bien responsable d’un type de sarcome différent et non pas d’un variant de la tumeur d’Ewing », explique Olivier Delattre. Et, comme le précise un des co-auteurs, Franck Tirode, « c’est la première fois que l’on démontre la possibilité d’identifier une nouvelle entité tumorale à l’aide d’une technologie de séquençage haut débit. En une seule étude, nous avons repéré 24 cas positifs pour cette translocation, ce qui est considérable ». « En valeur absolue, ces 24 cas représentent autant de cas que tous ceux dus à des translocations rares de la tumeur d’Ewing », ajoute Gaëlle Pierron, première signataire de la publication.
La détection de la surexpression de la protéine CCBN3, de par sa fusion à BCOR, est extrêmement spécifique de ces tumeurs, ce qui permet de proposer un test diagnostique simple, précise la chercheuse.
Cette découverte devrait par ailleurs changer la prise en charge des patients atteints du nouveau sarcome. En effet, comme l’indique Olivier Delattre, actuellement, ces patients sont traités de la même façon que ceux qui sont atteints d’une tumeur d’Ewing. « Des études cliniques vont désormais pouvoir être mises en place pour voir s’il est possible de les prendre en charge autrement. »
Par ailleurs, l’identification de la fusion des deux gènes va permettre de repérer la nouvelle tumeur chez de nouveaux patients auxquels on pourra alors proposer un traitement adapté.
Les chercheurs vont aussi tenter de déchiffrer le mécanisme d’action de la protéine de fusion. Ils vont essayer de comprendre pourquoi ce nouveau type de sarcome est semblable à la tumeur d’Ewing alors que les deux tumeurs sont biologiquement distinctes. Une activation commune de certaines voies de signalisation intracellulaires pourrait en être la cause.
Gaëlle Pierron, Franck Tirode, Carlo Lucchesi, Stéphanie Reynaud et coll., « Nature Genetics », 4 mars 2012.
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