LES GREFFES, les examens endoscopiques et la chirurgie en général pourraient contribuer à la propagation du prion associé au nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jacob (nvMCJ) si certaines précautions ne sont pas prises. C'est ce que suggèrent les résultats d'une étude française menée sur des macaques.
Herzog et coll. (département de recherche médicale CEA, Fontenay-aux-roses) ont effet démontré que le prion associé à la nvMCJ est présent en quantité non négligeable dans l'intestin et le système nerveux périphérique des malades, deux entités avec lesquelles les médecins sont souvent amenés à entrer en contact. Par ailleurs, les chercheurs français ont confirmé que le prion se concentre dans les amygdales, faisant de cette structure un tissus idéal pour les biopsies visant à la recherche de prions.
Afin d'analyser la distribution des prions chez des primates infectés par l'agent associé à la nvMCJ, Herzog et coll. ont inoculé un broyat de cerveau d'animal mort d'une ESB à des macaques. Deux voies d'infection ont été testées : orale (5 g de broyat) ou intraveineuse (0,4 mg, 4 mg ou 40 mg de broyat).
Par voie intraveineuse.
Il est apparu que la période d'incubation de la maladie est sensiblement plus courte chez les singes infectés par intraveineuse que chez ceux qui ont reçu le prion par voie orale. L'infection par voie intraveineuse paraît en fait aussi efficace que l'inoculation directe du prion dans le cerveau. Cependant, il faut souligner le fait que la quantité de prions inoculés aux singes par Herzog et coll. est certainement beaucoup plus élevée que celle contenue dans une unité de sang contaminé qui serait malencontreusement utilisé pour une transfusion.
Au stade terminal de leur maladie, les animaux ont été euthanasiés et autopsiés. Les auteurs ont recherché toute trace de prion associé à l'ESB dans leur cerveau, leurs tissus lymphoréticulaires, leur tractus digestif et leur nerfs périphériques.
L'agent infectieux a été retrouvé au niveau de la rate, des amygdales, de l'intestin et, bien sûr, du système nerveux des animaux, quel que soit leur mode de contamination. Au niveau de l'intestin, le prion est présent du duodénum au rectum, concentré au niveau des plaques de Peyer, du système nerveux entérique et des fibres nerveuses des muqueuses intestinales. Des prions ont en outre été détectés au niveau des nerfs périphériques locomoteurs et du système nerveux autonome.
Si la distribution du prion n'est pas affectée par la voie d'infection, la quantité d'agent infectieux retrouvée au niveau de la rate et des amygdales des animaux contaminés par voie orale est inférieure à celle détectée chez les animaux infectés par intraveineuse. Cependant, la quantité de prions présente dans les amygdales des animaux peut atteindre 10 % de celle détectée dans le cerveau, quel que soit le mode de contamination.
Herzog et coll., « The Lancet » du 7 février 2004, pp. 422-428.
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