DANS 50 % des cas, le rétinoblastome survient dans un contexte de prédisposition génétique : l’enfant est porteur d’une anomalie du gène RB1 suppresseur de tumeur. Les enfants porteurs de cette anomalie ont un risque très élevé (90 %) de développer un rétinoblastome. Pourtant, tous ne présentent pas le même risque ; si la plupart vont développer des tumeurs dans les deux yeux ou plusieurs foyers tumoraux dans un seul œil, certains auront une tumeur unilatérale et un petit nombre d’enfants n’auront pas de tumeur du tout. Comment expliquer cette variabilité du risque tumoral ? Les généticiens de l’institut Curie se sont attachés à répondre à cette question.
Il faut rappeler que le développement d’un rétinoblastome nécessite l’inactivation des deux exemplaires du gène RB1 ; un seul exemplaire normal du gène suffit à prévenir la formation de la tumeur. C’est dans ce contexte que les généticiens de l’institut Curie ont découvert qu’un variant du gène MDM2 accélère l’apparition de la mutation de la deuxième copie du gène RB1. Ainsi, MDM2, qui ne présente pas de risque isolément, crée chez les enfants porteurs d’une prédisposition génétique de RB1 un terrain propice à l’acquisition de la mutation de la deuxième copie de RB1.
« L’étude de ce gène dans 170 familles touchées par la forme héréditaire du rétinoblastome (dont 212 porteurs d’une prédisposition génétique) montre que les porteurs du variant de MDM2 présentent un risque significativement plus élevé de développer des tumeurs et donc que les non-porteurs ont un risque plus faible d’être atteints », explique Larent Castéra dans un communiqué.
Il existe très certainement d’autres gènes modificateurs du risque de rétinoblastome. Une fois que la variabilité tumorale et les facteurs modificateurs associés seront identifiés, le conseil génétique pourra être affiné. Pour l’instant, quand la mutation de RB1 est identifiée chez une personne ayant un rétinoblastome, des consultations spécifiques permettent de proposer un test individuel aux sujets apparentés (fratrie, cousins) indemnes de la maladie mais potentiellement porteurs de la mutation, donc à risque.
Enfin, le variant MDM2 pourrait à terme constituer une cible thérapeutique intéressante. Signalons d’ailleurs que des essais précliniques sont en cours avec MDM2 dans un autre domaine, des modèles de leucémie.
Laurent Castéra et coll. « Journal of the National Cancer Institute », décembre 2010, 102(23): 1805-1808.
lequotidiendumedecin.fr, le 15/12/2010
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