AU COURS du processus de néoangiogenèse, le facteur Vegf-A est central, car il détermine la migration et la croissance des cellules endothéliales.
La néoangiogenèse – et donc l’intervention du Vegf – est en oeuvre pendant l’embryogenèse, la cicatrisation des plaies ou l’ischémie. Mais aussi au cours de la tumorigenèse, où le stroma des cellules malignes produit du Vegf-A.
Inhibition de la maturation des cellules dendritiques.
Outre ce rôle dans l’induction tumorale et métastatique, le Vegf contribue, en association avec d’autres cytokines, aux effets délétères du microenvironnement de la tumeur : inhibition de la maturation des cellules dendritiques qui permet l’échappement hors de l’emprise du système immunitaire.
Différentes approches sont tentées pour contrecarrer les actions pathogènes du Vegf. Les études cliniques utilisant l’anti-Vegf bevacizumab, une approche par immunisation passive, ont permis de valider cette approche thérapeutique, notamment dans les cancers colo-rectal et du sein, mais ont aussi révélé les effets secondaires (thromboses, protéinurie, saignements…).
Un travail à l’aide d’un autre dérivé du Vegf, nommé Vegf- kinoïde, est maintenant rapporté par un groupe de chercheurs français (Ferhad Haghighi, Daniel Zagury et coll.) et américain (Robert Gallo). L’approche explorée pour bloquer la surproduction du Vegf est, dans cette option, l’immunisation active.
Sur la souris, «nous montrons que le blocage du Vegf peut être obtenu en suscitant des anticorps par une immunisation active réalisée à l’aide du Vegf-kinoïde». Un résultat semblable à ce qui a déjà été obtenu par des « vaccins » contre des cytokines endogènes.
Réduction de la croissance tumorale.
Les anticorps neutralisants anti-Vegf, en association avec du paclitaxel, ont réduit la croissance tumorale sur un modèle de tumeur autologue (immunisation par Vegf-kinoïde murin), mais aussi de cancer colo-rectal et de rhabdomyosarcome (sur des souris immunisées par du Vegf-kinoïde humain). Le nombre et la taille des métastases pulmonaires ont été significativement réduits.
Les anticorps anti-Vegf ne sont pas destinés à remplacer un traitement antimitotique, mais à agir de manière synergique en tant que traitement complémentaire à la chimiothérapie conventionnelle.
La réponse au Vegf-kinoïde chez la souris est élevée sous la forme d’anticorps neutralisants, mais transitoires.
Pas de réaction des cellules T.
Un avantage est relevé : la stimulation n’a pas suscité de réaction des cellules T (pas de sélection de clone lymphocytaire T contre le Vegf murin dans le thymus, ni au niveau périphérique).
Ce qui veut dire que l’on peut espérer une éviction des effets secondaires par réaction auto-immune.
Chez les souris immunisées par le Vegf-kinoïde murin, on n’observe pas d’effets secondaires au cours des processus de cicatrisation (qui suscitent la production du Vegf) et qui ont été testés pour évaluer le risque d’effets secondaires.
Les auteurs notent «l’absence de dysfonctionnement des tissus non ciblés à la suite des anticorps anti-Vegf».
Ils concluent : «Cette étude suggère que l’on devrait envisager l’évaluation préclinique de l’approche représentée par le “vaccin” Vegf-kinoïde, pour la lutte contre l’angiogenèse tumorale et les métastases.»
« Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée.
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