LE 24 MARS, jour anniversaire de la découverte du bacille par Robert Koch, a été déclaré Journée mondiale de lutte contre la tuberculose. Cette maladie principalement présente dans les pays en développement a refait surface en France, où l’on compte 5 000 cas par an. Du 8 au 12 mars, Fabienne Keller et Jean-Claude Peyronnet, deux sénateurs UMP et PS, ont participé à un voyage d’étude en Inde à l’appel des associations Aides, One, Avocats pour la santé dans le monde, et Global Health Advocates India. Dans le monde, une personne sur trois est infectée par des bacilles dormants, mais parmi ces personnes, environ 10 % vont développer la maladie. Les personnes infectées par le VIH sont particulièrement vulnérables : la tuberculose est d’ailleurs la première cause de mortalité chez les patients séropositifs.
Marqueur de pauvreté.
En Inde, chaque année, 450 000 personnes meurent à cause de la tuberculose. Pour lutter contre cette maladie infectieuse, le pays a promis de quadrupler son budget santé. « La tuberculose est le marqueur d’un système de santé qui fonctionne mal et d’une paupérisation de la population », note Patrick Bertrand, de l’association Avocats pour la santé dans le monde. Des formes muti-résistantes, puis ultra-résistantes sont apparues, qui nécessitent des traitements très longs, d’environ vingt mois. « Dernièrement on a vu en Inde des cas de tuberculose totalement résistante à tous les traitements », continue Patrick Bertrand.
« L’apparition de formes multi-résistantes, est le résultat de mauvais traitements, ou de l’abandon du traitement », explique le sénateur Jean-Claude Peyronnet. « Les malades rentrent chez eux et se sentent mieux, alors ils ne prennent pas leurs médicaments jusqu’au bout. C’est à ce moment-là qu’apparaissent les nouvelles formes. » L’une des priorités est donc d’informer la population et de mettre en place un système d’accompagnement.
Le fond mondial en crise.
« L’inde a une culture médicale assez forte », raconte Fabienne Keller, sénatrice UMP. Un autre problème auquel doit faire face ce pays est que la tuberculose ne se détecte pas immédiatement, mais seulement lorsqu’elle est déjà bien présente dans l’organisme. « Cela fait alors plusieurs semaines que les malades sont contaminants », poursuit la sénatrice. « On sent que si le système indien a permis de réduire le nombre de morts par an de deux tiers, il faut encore que soit mis en place un nouveau système pour maîtriser la diffusion du bacille par les personnes malades qui ne sont pas encore détectées. »
Environ 80 % des ressources allouées à la tuberculose proviennent du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. « S’il est en crise, c’est toute la filière de la tuberculose qui est en crise. Or il y a un gel du fonds mondial », explique Guillaume Grosso, le directeur France de l’association One. « Aujourd’hui, le Fonds gère le quotidien, mais est dans l’incapacité de mener de nouveaux projets. » La France est le deuxième contributeur de ce fond après les États-Unis. « Les nouvelles formes de tuberculoses résistantes nécessitent des investissements conséquents », reprend Verona von Derschau, de l’association One. « Il faut retourner à la case recherche, ou en tout cas, intensifier les recherches. »
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