Des représentants de la CNAM et des organismes complémentaires ont établi un lien direct entre la forte présence de médecins libéraux sur certains territoires et le niveau élevé du reste à charge des patients lors d’un colloque à Rennes.
La santé est-elle un droit ou un luxe ? La question était au cœur d’un colloque organisé à Rennes par le groupe mutualiste Istya (MGEN, MNH), qui revendique six millions d’assurés. L’assurance-maladie et les organismes complémentaires ont choisi une image qui a fait mouche auprès de l’assistance.
Fabrice Henry, président de l’Union nationale des organismes d’assurance-maladie complémentaire (UNOCAM), a évoqué la carte de France des niveaux de reste à charge des ménages. « Plus il y a de médecins sur un territoire, plus les restes à charge y sont élevés, a-t-il attaqué. La médecine libérale, censée créer une mise en concurrence des médecins devient au contraire un système anti-concurrence. »
Jean-François Nahmani, directeur de cabinet du président de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (UNCAM), fait quant à lui allusion à la carte nationale de la densité des médecins sur le territoire. En la mettant en parallèle avec la carte du niveau de recours aux soins, Jean-François Nahmani a constaté « une corrélation » entre les deux indicateurs. Plus il y a de médecins dans une région, plus le recours aux soins « et le taux de revoyure » sont élevés, affirme le directeur de cabinet de Michel Régereau, qui se demande « pourquoi les patients sont vus plus souvent dans le sud que dans le nord ».
Cette situation pose « la question de l’égal accès aux soins ». « Actuellement, c’est la double peine pour certains patients qui sont confrontés à une proportion de médecins de secteur I plus faible qu’ailleurs et à une densité de médecins de secteur II supérieure à la moyenne nationale », déclare Jean-François Nahmani.
L’heure n’est plus au débat mais aux « décisions politiques », estime Fabrice Henry car « les disparités coûtent cher ». « Il y a dix ans, les dépassements d’honoraires coûtaient 900 millions d’euros, poursuit-il. Aujourd’hui, ils représentent 2,4 milliards d’euros dont 800 millions sont pris en charge par les mutuelles. Nous pourrions presque les couvrir entièrement s’ils n’avaient pas augmenté autant. »
Dans le public, au milieu d’un concert de critiques, une femme s’emporte. « Marteler que les pratiques des médecins sont calées sur la rémunération individuelle ne fait pas avancer le schmilblick. Mieux vaut réorienter le système de santé vers la prévention. Les changements, ça ne se décrète pas, ça s’accompagne ! »
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