DES GROUPES de chercheurs d'Ulm et de Hanovre, en Allemagne, ont collaboré pour montrer que la phosphatase prostatique acide (PAP pour Prostatic Acid Phosphatase), qui est un marqueur naturellement présent en abondance dans le sperme humain, s'organise pour former des fibrilles amyloïdes (comme dans la maladie d'Alzheimer). Et que ces fibrilles capturent les particules virales dans leur maillage, favorisant leur pénétration dans les cellules cibles et multipliant le risque d'infection dans une proportion logarithmique (de 3 à 5 logs). Les fibrilles ainsi découvertes, qui ont été nommées SEVI (Semen-derived Enhancer of Virus Infection), sont «un promoteur de l'attachement et de la fusion du virion à la cellule», et donc à la surface de l'épithélium génital. Ce qui favorise la propagation de l'infection à partir du point d'entrée qu'est la traversée de la barrière muqueuse par les cellules dendritiques migratrices (porteuses du virus).
Travaillant in vitro, les auteurs montrent que les hommes infectés, dans un éjaculat de 4 ml, déposeraient environ 22 000 virions dans le tractus génital, ce qui correspond à environ 24 pg d'antigène p24. «Dans des études en cultures, en utilisant ce type d'éjaculat, une infection des PBMC (mononucléaires périphériques) et des cellules lymphoïdes de tissus amygdaliens n'est obtenue qu'en présence de SEVI, mais non en son absence.»
Jan München et coll. montrent, en outre, que les PAP isolées sont inactives et que seules les fibrilles organisées retrouvées dans le sperme ont ce rôle de promoteur de l'infection.
La mise au jour du SEVI offre des perspectives de recherche. La compréhension du pouvoir élevé du SEVI à promouvoir l'infection, associé à sa faible cytotoxicité, peut donner des orientations de recherche en matière de vaccin, pour délivrer des gènes par un vecteur lentiviral. Par exemple, on peut chercher si un prétraitement par du SEVI peut amplifier le pouvoir du virus de l'immunodéficience à simple cycle au niveau de la médiation de la réponse immune spécifique et, de ce fait, de l'immunité muqueuse. Et puis les agents bloquant la production de SEVI ou augmentant son activité peuvent offrir de nouvelles perspectives dans les stratégies préventives.
La transmission par voie sexuelle est étonnamment réduite.
En dépit de la diffusion dramatique de l'infection par le VIH dans la population, on sait que l'efficacité de la transmission par voie sexuelle est étonnamment réduite.
Par exemple, le risque de transmission d'un homme à une femme par voie vaginale est estimé à environ un événement pour 200 à 2 000 relations sexuelles (Gray et coll., 2001). Ce taux est multiplié par 10 pendant la phase aiguë de l'infection, lorsque la charge virale est élevée. La coïnfection par une MST peut augmenter le risque de 3 % par contact sexuel.
La plupart des infections sont le résultat d'une exposition génitale au sperme d'hommes séropositifs. Les femmes qui s'infectent ainsi par voie vaginale représentent 60 % des nouveaux cas d'infection en Afrique.
C'est pour rechercher une explication à cette transmissibilité limitée que Jan Münch et coll. ont entrepris de passer au crible une « peptidothèque » des protéines et peptides contenus dans le sperme. Ils cherchaient des acteurs endogènes susceptibles d'affecter l'efficacité de la transmission virale sexuelle.
«Déjà, nous ne nous attendions pas à trouver un amplificateur, mais nous avons été encore plus surpris par l'importance de son effet.»
Jan Münch et coll. « Cell » 131, 1059-1071, 14 décembre 2007.
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