Tortures, injures, humiliations, pressions, des femmes médecins libérées des prisons de Bahreïn ont décrit à l’AFP les souffrances qu’elles ont endurées. Chiites, elles ont été arrêtées, avec leurs collègues masculins, toujours emprisonnés, lors de la répression mi-mars des manifestations contre la dynastie sunnite des Al-Khalifa. Elles sont accusées d’avoir soutenu la contestation et, depuis l’hôpital Salmaniya, aux abords de la place de la Perle, d’avoir livré aux médias une version mensongère des événements.
« Personne ne s’attendait à un tel traitement », témoigne l’une d’elles, sous couvert d’anonymat, ajoutant avoir signé des aveux sous les coups. « Je ne savais pas de quel côté de la tête j’allais être frappée. » Elle déclare encore avoir été contrainte de dormir sur une chaise, une de ses pairs ayant dû feindre un évanouissement pour s’étendre par terre.
Une troisième femme fut accusée d’avoir ajouté du sang sur les blessures des manifestants pour en exagérer l’apparence devant les caméras de télévision. « Je vous conseille de passer aux aveux ou je vous frapperai comme un âne et je vous torturerai », lui dit, selon elle, un des officiers qui l’a interrogée. Elle déclare avoir eu les yeux bandés et les mains liées, avant de subir un choc électrique à la tête, puis d’être jetée à terre et battue sur la plante des pieds par un câble électrique. « Même des policières ont été choquées de voir mon état à ma sortie de la salle d’interrogatoire », confie-t-elle à l’AFP.
Toutes craignent de nouveau un emprisonnement et des sévices, leur salaire est bloqué depuis mars. Le gouvernement a indiqué que 23 médecins et 23 infirmiers ont été déférés devant un tribunal spécial pour soutien aux manifestants. « Ce qui s’est passé à Salmaniya ne sera jamais plus autorisé », a menacé la semaine dernière le Premier ministre, cheikh Khalifa ben Salman, cherchant à faire passer l’hôpital pour un centre de protestation majeur.
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