Deux études publiées simultanément suggèrent que la lecture de l'électrocardiogramme des jeunes athlètes confirmés ou en devenir prenne en compte l'origine ethnique des sujets afin de leur donner les mêmes chances de s'épanouir dans leur sport. L'équipe du Dr Anthony Magalski a en effet montré que, dans la population des joueurs de football américain professionnels, l'incidence des anomalies ECG est deux fois plus importante chez les joueurs noirs que chez les Caucasiens. Il s'agit majoritairement de signes d'hypertrophie ventriculaire gauche physiologique et non de signes de cardiomyopathie hypertrophique. Pour les auteurs, «ces faux positifs peuvent conduire le médecin chargé du recrutement des sportifs à délivrer des certificats de non-compatibilité avec la pratique sportive de haut niveau; or il s'agirait d'une discrimination puisque les anomalies retrouvées sont physiologiques».
Les auteurs ont analysé un total de 1 959 tracés ECG, dont 67 % avaient été réalisés chez les joueurs noirs. Au total, chez les Caucasiens, l'incidence des anomalies ECG s'est établie à 13 % contre 30 % pour les Américains d'origine africaine. Pour 5,8 % des des sujets noirs, le tracé ECG était considéré comme pathologique, contre 1,8 % chez les Caucasiens (anomalies de repolarisation et signes d'hypertrophie ventriculaire gauche pathologique).
L'épaisseur du ventricule gauche.
Le Dr Basarajaiah (Londres) publie simultanément une étude qui a pris en compte 300 jeunes athlètes noirs, 300 Caucasiens et 150 sédentaires considérés comme témoins. Tous les sujets ont bénéficié d'un examen ECG, d'une échocardiographie et d'un examen clinique. Globalement, chez les athlètes noirs, l'épaisseur de la paroi du ventricule gauche était plus importante, mais la taille des cavités cardiaques était similaire à celle des témoins athlètes ou non. Pour 18 % des athlètes noirs, contre 4 % des Caucasiens, l'épaisseur de la paroi ventriculaire gauche atteignait des valeurs considérées comme pathologiques (plus de 12 mm) ; et pour 3 % des sujets noirs, cette valeur atteignait 15 mm, suggérant l'existence d'une cardiopathie hypertrophique. Des signes ECG faisant évoquer une hypertrophie ventriculaire gauche étaient présents chez 68 % des athlètes noirs, contre 40 % des Caucasiens.
En outre, certaines anomalies ECG telle une onde T négative dans les précordiales gauches étaient observées chez 12 % des Noirs, contre 0 % des Caucasiens.
Lecture attentive.
L'analyse des origines ethniques des athlètes montre que les anomalies ECG sont plus fréquentes chez les sujets originaires d'Afrique de l'Ouest ou des Caraïbes que chez ceux venant de la corne de l'Afrique.
Dans un éditorial, le Dr Pelicia, de la Société européenne de cardiologie, précise que «les ECG des jeunes athlètes doivent être lus avec attention en prenant en compte l'existence fréquente d'anomalies chez les sujets noirs. En cas de doute, l'ECG devra être couplé avec une échographie afin de mieux visualiser la taille des cavités ventriculaires et de vérifier l'absence d'anomalies qui pourraient contre-indiquer la pratique du sport».
« Journal of the American College of Cardiology », 10 juin 2008.
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