Dix-sept ans après l’enregistrement de son facteur VIII recombinant Kogenate, Bayer a présenté à l’ISTH les résultats d’un programme de recherche ambitieux dans l’hémophilie A.
Cette pathologie qui atteint 30 000 hommes en Europe (1/5 000 naissances masculines vivantes) est due à un défaut ou une absence du facteur VIII de la coagulation ; depuis 1995, le standard de traitement dans les pays développés est une prophylaxie de remplacement du facteur VIII. L’efficacité de cette approche a été confirmée en 2005 et 2013 par les essais JOS et SPINNART, qui ont montré une réduction des épisodes de saignement et de leurs séquelles les destructions articulaires, de l’ordre de 80 %, par rapport à une simple thérapie à la demande (lorsque le saignement survient). Les technologies de génie génétique ont permis progressivement de se passer de plasma animal et humain (risques infectieux et immuns) et la recherche porte actuellement d’une part sur le développement de molécules au profil pharmacocinétique plus performant (permettant de diminuer le nombre de perfusions hebdomadaires tout en couvrant mieux l’activité du facteur VIII manquant dans le temps), avec l’espoir de pouvoir développer des formes sous-cutanées, d’autre part sur des interventions directement sur la chaîne de montage du facteur VIII : soit par thérapie génique soit avec des anticorps monoclonaux dirigés contre le facteur d’inhibition tissulaire TFPI (BAY 1093884, en phase I de développement).
Pharmacocinétique
Certaines innovations technologiques sont déjà disponibles, permettant d’améliorer la pureté et la structure tridimensionnelle des molécules produites. Kovaltry, qui possède la même séquence d’acides aminés (octocog alfa, un facteur VIII recombinant complet) que Kogenate, a montré un profil pharmacocinétique amélioré, ce qui permet d’espacer les perfusions chez certains patients : deux à trois par semaine chez les adolescents et adultes, ou tous les deux jours chez les enfants de moins de 12 ans (1). Le schéma posologique est personnalisé en fonction des concentrations sanguines restantes chez le patient. Kovaltry a obtenu l’AMM européenne en 2016, sur la base du programme de développement Léopold, portant sur 204 enfants et adultes. L’étude de phase IV Taurus vient d’être lancée afin de suivre l’utilisation de cette molécule en vraie vie jusqu’en 2020 au moins (2). Une autre molécule toujours en développement, BAY 94-9027 (un facteur VIII PEGylé permettant une action encore plus prolongée), pourrait être administré de façon hebdomadaire. Deux analyses post-hoc ont montré que l’histoire clinique récente des patients (nombre de saignements l’année précédente et d’atteintes articulaires cibles) pourrait permettre de sélectionner les patients à même de bénéficier de ce schéma thérapeutique allégé (3).
63e congrès de la société internationale de thrombose et d’hémostase (ISTH) à Berlin, dans le cadre d’un voyage organisé par Bayer
(1) A Solms et al. ISTH 2017. PB 971
(2) K Meijer et al. ISTH 2017. PB 1836
(3) J Oldenburg et al. ISTH 2017. PB 1818 ; PA Holme et al. ISTH 2017. PB 1780
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