La dysfonction des cordes vocales est un syndrome responsable d'une gêne, voire d'une détresse respiratoire, souvent mal diagnostiquée. Si certains cas observés chez des sportifs sont déclenchés par l'exercice physique, il existe des formes d'apparition spontanée, dans lesquelles des facteurs étiologiques d'ordre psychologique sont souvent retrouvés. La prise en charge n'est pas standardisée et parfois complexe.
LA DYSFONCTION des cordes vocales, appelée parfois dysfonction laryngée épisodique ou encore dyskinésie laryngée, est une cause de gêne et de détresse respiratoires, fréquemment diagnostiquée à tort comme un asthme. Ce syndrome est caractérisé par l'adduction inappropriée des cordes vocales au cours de l'inspiration. Sa présentation la plus typique est l'apparition soudaine d'une difficulté respiratoire accompagnée d'un stridor inspiratoire à sonorité aiguë (à différencier d'un sibilant), d'une sensation d'oppression thoracique et d'une dyspnée. Dans certains cas, l'adduction des cordes vocales persiste à l'inspiration et à l'expiration. La soudaineté et la sévérité des symptômes de certains patients peuvent parfois conduire à une intubation endotrachéale ou à une trachéotomie pour obstruction sévère des voies aériennes supérieures.
L'origine étiologique de la dysfonction des cordes vocales n'est pas encore bien connue. Certains auteurs ont associé la survenue de ce syndrome, avec la pratique d'une activité physique. Ainsi, en 1996, McFadden et coll. décrivaient sept athlètes de haut niveau, âgés de 15 à 32 ans, présentant une dysfonction des cordes vocales déclenchée par l'exercice (1). Une étude plus importante, publiée par Rundell et coll. (2003), a évalué 370 sportifs présentant des symptômes de type stridor inspiratoire et de bronchospasme induits par l'exercice. Dans 5 % des cas (19 patients), il s'agissait d'une dysfonction des cordes vocales ne survenant qu'au cours d'un exercice physique. Sur ces 19 patients, 18 étaient des femmes (2).
Mais l'activité sportive n'est pas le seul facteur étiologique intervenant dans ce syndrome. Ainsi, parmi les 49 enfants suivis dans le service de pneumo-pédiatrie de l'hôpital pour enfants de l'université de l'Iowa pour dysfonction des cordes vocales, 29 avaient un syndrome induit uniquement par l'exercice et 20 présentaient des épisodes de survenue spontanée. L'âge médian lors du diagnostic était de 14,9 ans dans le premier groupe et de 13,5 ans dans le second. Les filles étaient prédominantes dans les deux groupes (sex-ratio F/G, respectivement, à 1,6/1 et 2,2/1) (3).
Parfois considéré comme psychosomatique.
La dysfonction des cordes vocales a également été considérée comme une manifestation fonctionnelle de pathologies psychiatriques. Ainsi, en 1998, Gavin et coll. décrivaient 12 patients dont les symptômes de dysfonction des cordes vocales survenaient uniquement lors de moments d'anxiété, sans rapport avec une activité physique (4). Plusieurs études antérieures avaient déjà noté un pourcentage important de pathologies psychiatriques, diagnostiquées chez les patients atteints d'une dysfonction des cordes vocales, suggérant une forte incidence de ce syndrome chez les femmes avec un certain profil psychologique associant stress à anxiété et attaques de panique.
Les modalités proposées de prise en charge de ce syndrome sont nombreuses et variées : éducation du patient, relaxation, thérapie par la parole, exercices de respiration, biofeedback… L'hypnose, l'inhalation d'un mélange hélium-oxygène (Heliox) ou les injections de toxine botulique ont même été utilisées chez les patients qui ne répondaient pas aux autres traitements ou qui présentaient des symptômes sévères, sans que leur efficacité à long terme n'ait pu être clairement démontrée. Dans une étude de Sullivan et coll., des exercices de coordination de la respiration abdominale et thoracique, enseignés à des sportives, leur ont permis de contrôler leurs symptômes après six mois (5). Mais l'application de ces techniques, efficaces sur les dysfonctions des cordes vocales de survenue spontanée, paraît irréaliste durant un exercice physique intense ou au cours d'une compétition, moments où les symptômes se déclenchent le plus fréquemment.
Un essai thérapeutique ouvert a proposé un traitement par aérosol anticholinergique (Atrovent Oral Inhaler) qui a permis de prévenir la survenue de dysfonction des cordes vocales induites par l'exercice chez 6 patients (3). Le rationnel à l'utilisation de ce traitement était l'observation de 2 cas de dysfonctions des cordes vocales secondaires à l'implantation d'un stimulateur du nerf vague (6, 7). L'hypothèse d'un déséquilibre du système autonome comme cause de la dysfonction des cordes vocales est évoquée.
Communication de Miles Weinberger, Iowa City, Etats-Unis.
(1) McFadden ER, Jr., Zawadski DK.
Am J Respir Crit Care Med 1996 ; 153 : 942-947.
(2) Rundell Kw, Spiering BA. Chest 2003 ; 123 : 468-474.
(3) Doshi D, Weinberger M. Ann Allergy Asthma Immunol 2006 ; 96 : 794-799.
(4) Gavin LA, Wamboldt M, Brugman S, Roesler TA, Wamboldt F. J Asthma 1998 ; 35 : 409-417.
(5) Sullivan MD, Heywood BM, Beukelman DR. Laryngoscope 2001 ; 11 : 1751-1755.
(6) Vassilyadi M, Strawsburg RH. Child Nerv Syst 2003 ; 19 : 261-263.
(7) Zalvan C, Sulica L, Wolf S, Cohen J, Gonzalez-Yanes O, Blitzer A. Laryngoscope 2003 ; 113 : 221-225.0
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature