Selon certaines études, 30 à 45 % des obèses consultant un service hospitalier présenteraient des anomalies du comportement alimentaire et 15 à 30 % des troubles du comportement alimentaire avérés. Ces derniers sont de type compulsions et grignotage comme ce qui est décrit dans le "Binge eating disorder" : la personne a le sentiment de ne pouvoir contrôler ni la quantité ni la nature des aliments ingurgités. Et à la différence d’une personne boulimique, elle ne compense pas son hyperphagie par les vomissements ou la prise de laxatifs. Il peut s'agir aussi d'un "night eating syndrome" : le sujet se réveille pour manger de façon compulsive de grandes quantités d'aliments*. Ces troubles du comportement alimentaire sont parfois associés aux régimes amaigrissants susceptibles d'induire une restriction cognitive, qu’ils soient auto-institués ou prescrits dans un cadre médical.
La restriction cognitive, un frein au traitement de l’obésité5
La restriction cognitive a été définie en 1975 comme une alimentation qui n'obéit plus aux nécessités internes mais se voudrait totalement contrôlée par le sujet. D'intuitive, la prise alimentaire devient réflexive. Face à un problème de poids réel ou supposé, la personne commence par nier les sensations de faim et de satiété pour ne plus s'intéresser qu'aux propriétés caloriques qu'elle attribue aux aliments, entretenant un sentiment de frustration permanent souvent accompagnés de troubles relationnels et de l'humeur. A la longue, la restriction cognitive entraîne un dérèglement des mécanismes régulateurs normaux du poids. La prise alimentaire n'est guidée que par les émotions et la personne alterne des phases de privation avec des phases hyperphagiques. Dès qu’elle déroge aux interdits fixés, un sentiment d’échec et de culpabilité la font basculer sur un contrôle encore plus strict de la prise alimentaire. Cette restriction cognitive génère indubitablement prise de poids ou effet "yoyo", ainsi que des troubles anxieux et/ou dépressifs qui rendront encore plus difficile le retour à une alimentation et un poids normaux.
**Apfeldorfer G., Zermati J.-P., « La restriction cognitive face à l’obésité, histoire des idées, description clinique » in La Presse Médicale, 30,32, 1575-1580 et "Les régimes amaigrissants sont des troubles du comportement alimentaire". Réalités en nutrition N°6, Dec 2007, 6-11
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