Cancer du sein, poids et activité physique

Des facteurs de risque sur lesquels on peut agir

Publié le 06/05/2008
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Première grossesse, allaitement

Premier cancer de la femme, le cancer du sein représente la troisième cause de mortalité par cancer. Comme l'ont montré un certain nombre de données de la littérature, l'âge de la première grossesse, l'allaitement joueraient un rôle protecteur vis-à-vis du cancer du sein. En revanche, certaines études ont montré le rôle néfaste de l'alcool, du surpoids, de la sédentarité, du traitement hormonal, entre autres, sur le risque de cancer du sein.

Surpoids androïde

Il est désormais reconnu que l'IMC (indice de masse corporelle) et surtout le gain de poids sont des facteurs de risque du cancer du sein. C'est essentiellement le surpoids androïde qui est incriminé. Dans la plupart des études, en effet, un IMC élevé représente un facteur de risque pour le cancer post-ménopausique (WHI, EPIC…) et l'on retrouve selon les études une augmentation constante du risque variant de 1,26 à 2,52. Néanmoins, l'IMC ne semble pas être l'outil le plus sensible et d'autres facteurs de risque ont été retrouvés : poids, variation de poids, taille (dans certaines études mais pas toutes). Le marqueur le plus sensible est représenté par la variation du poids et, dans les études, ce risque relatif varie de 1,5 à 2,7 avec majoration du risque en fonction du delta du poids et en fonction du moment de la prise de poids (+++ en péri- et post-ménopause). Selon Eliassen (« JAMA » 2006), 15 % des cancers du sein sont attribuables à une prise de 2 kg ou plus depuis l'âge de 18 ans ; 4 % sont attribuables à une prise de 2 kg ou plus en post-ménopausique.

Le bénéfice de la perte de poids

Heureusement, toute perte de poids, à n'importe quel moment de la vie, permet de diminuer le risque de cancer du sein et de revenir au niveau de risque antérieur.

La physiopathologie est bien documentée dans le cancer du sein après la ménopause et il est désormais bien démontré que cette augmentation de risque du cancer post-ménopausique est liée à une exposition mammaire aux estrogènes plus importante chez l'obèse lors de cette période post-ménopausique. Cette exposition aux estrogènes est secondaire à une augmentation de l'activité aromatase du tissu adipeux qui va transformer les androgènes surrénaliens en estrogènes. De plus, l'augmentation de l'insulinorésistance lors des prises de poids est responsable d'une augmentation du risque de cancer du sein pré- et post-ménopausique.

Activité physique

Enfin, comme l'ont montré les études de Thune et al. et E3N, le risque relatif de cancer du sein diminue modérément avec l'augmentation de la durée et de l'intensité de l'activité physique. Cet effet est en partie indépendant de la perte de poids et lié à la baisse de l'insulinorésistance et à la synthèse hormonale des stéroïdes. L'exercice physique a donc un effet bénéfique propre, indépendant en terme de protection du cancer du sein.

D'après la communication du Dr C. Pichard (hôpital de l'Hôtel-Dieu, Paris), lors de la Journée Femme, médecine et sport, parrainée par Amélie Mauresmo, et organisée par DM Santé avec la collaboration de l'association OSE, le Club des cardiologues du sport, l'ACM (Association cardiologie et médecine) et l'Association groupe ST.

> Dr BRIGITTE VALLOIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8367