P OUR le troisième été consécutif, l'association EBISOL (Etudiants Bichat Solidarité) s'apprête à envoyer du matériel médical, ainsi qu'une poignée d'étudiants en médecine, à l'hôpital de Berberati, en Centrafrique.
En 1997, les étudiants de la faculté de médecine Xavier-Bichat ont créé cette association humanitaire, avec l'envie de se rendre utile bénévolement. Désireux de partager la qualité de leur enseignement avec un pays défavorisé en matière de santé publique, ces jeunes ont décidé d'aider à leur manière la République centrafricaine. Le Pr Oberlin, orthopédiste à l'hôpital Bichat, a déjà effectué plusieurs missions à l'hôpital de Berberati ; c'est que le premier contact a pu y être établi en 1997.
Le choix de ce pays n'a pas été difficile, compte tenu de sa situation sanitaire très critique. Elle a d'ailleurs été officiellement qualifiée de « désastreuse » par le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), qui, dans ce domaine, place la République centrafricaine à la 189e position sur 191 pays évalués. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : quatre médecins pour 100 000 habitants ; une espérance de vie moyenne de 49 ans; une mortalité infantile de 100 pour 1 000. De plus, les rares hôpitaux sont dans une situation très précaire : peu, voire pas, de matériel fondamental, pas d'eau potable, et l'électricité y est présente de façon intermittente, ce qui ne facilite pas les opérations chirurgicales. Actuellement, la population souffre de deux grands maux : des épidémies de méningite ravagent le pays ; le SIDA n'est pas en reste, avec 300 000 séropositifs pour 3,3 millions d'habitants. Les besoins en aide extérieure se font donc criants.
La mission 2001 d'EBISOL prévoit d'envoyer deux groupes de trois étudiants (P2 et D1) à Berberati en août puis en septembre. Au programme, cette année : remplacer le groupe électrogène de l'hôpital, qui arrive en bout de course. Reste aux étudiants de trancher entre deux solutions : l'acheter en France, moyennant environ 100 000 francs ; ou sur place, avec la garantie qu'il s'adapte bien aux infrastructures locales. Parallèlement, les étudiants espèrent arriver les bras chargés de médicaments et de matériel médical, qui font cruellement défaut. Leur quantité est fonction de la générosité des dons des médecins et des pharmaciens sollicités en Ile-de-France. Déjà, un premier envoi de 2 490 kg est parti le 31 décembre en cargo pour Berberati ; mais le tout reste bloqué à Douala, la douane s'opposant au débarquement de ces marchandises. EBISOL n'a pas baissé les bras pour autant. De nouvelles collectes, fructueuses aux dires des étudiants, ont eu lieu. Gants, matériel de petite chirurgie, coton, aiguilles, autant de produits qui attendent le décollage, entreposés à l'abri.
Mais il ne suffit pas de fournir le matériel manquant. Assurer son suivi, son stockage et sa bonne distribution est également nécessaire.
Echanges de compétences et échanges humains
C'est un des objectifs à remplir pour les étudiants, une fois sur place. Sinon, leur mission consistera à aider le personnel en place (deux médecins et une infirmière, pour un total de 4 030 lits). Sans pour autant se substituer à lui. « En deuxième ou troisième année, nous ne sommes pas encore médecins. Mais nous avons tous effectué un stage en hygiène à l'hôpital. C'est surtout ces notions que nous venons transmettre », explique Annabel Achor, qui ajoute : « On n'arrive pas du tout en sauveurs ! » Le maître mot de l'aventure sera l'échange. Echanges de compétences donc. Mais également échanges humains. Selon Annabel, le personnel médical de Berberati apprécie fort cette entreprise. Se sentir soutenu par des étudiants étrangers lui permet d'oublier que l'Etat ne l'a pas payé depuis plus de deux ans.
Pour mener à bien cette mission humanitaire, la nouvelle équipe aura tout intérêt à tenir compte des conseils des expéditions précédentes. « Le fossé culturel est omniprésent ; il constitue une entrave à la bonne communication entre les étudiants français, l'équipe médicale centrafricaine et les patients », confient les six volontaires de la mission 2000. Mais leur motivation viendra certainement à bout de cet obstacle.
Pour plus de renseignements sur les autres projets d'EBISOL : http://ebisol.ctw.net/.
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