Elle symbolise le Second Empire. Tout comme Offenbach, les villes d’eaux et les bals aux Tuileries. Ces bals dont elle faisait la magnificence quand elle ondulait au rythme nouveau de la valse. Elle, c’est la crinoline dont le musée Galliera nous offre une splendide, une merveilleuse évocation, avec plus de 300 pièces dont de nombreux accessoires – boléros, bustiers, souliers, gants, châles, chapeaux, ombrelles, bas, bijoux, parfums, mantelets, carnets de bal, éventails, porte-bouquets. Et aussi des tableaux, des estampes et des photos. Des échantillons et des catalogues…
Même née vers 1845, cette « cage à poules » (dixit Daumier) ne prend son ampleur qu’après 1850. Au sens propre – certains chroniqueurs ont affirmé que c’est à la grossesse de l’impératrice Eugénie que les jupes durent leur diamètre imposant (jusqu’à 1,80 m !) comme au figuré : on en fabriqua 5 millions en 1860 ! Mais la grossesse d’Eugénie n’explique pas tout. Curieusement, avec sa démesure (il fallait jusqu’à 10 m de tissu pour une jupe !), ses « décorations » (passementerie, dentelles, rubans, perles, strass, fleurs, volants), ses accessoires (voir plus haut), la crinoline « colle » parfaitement à son époque qui voit naître la modernité avec l’essor de l’industrialisation et de la vitesse. Ainsi, la mécanisation de la production textile génère-t-elle une production beaucoup plus importante, plus rapide et meilleur marché. Avec ses « capitaines d’industrie », ses entrepreneurs et ses banquiers cosmopolites, la bourgeoisie triomphante s’enrichit et entend bien le faire savoir. Quelle formidable vitrine qu’une femme – la sienne ou une maîtresse – richement, voire lourdement parée !
Au sens propre du terme, cette crinoline qui, de ronde jusqu’en 1861, sera ensuite projetée vers l’arrière, est un jupon raidi par du crin puis un dôme fait de cerceaux métalliques légers réunis par des rubans. Par-dessus, satin, taffetas ou coton, soie, velours, mousseline, laine, dentelle (arachnéenne Chantilly !), tulle, moire, faille… Les épaules sont tombantes et très arrondies et la taille incroyablement fine. Fort bien faite malgré l’exiguïté des lieux, la muséographie entraîne le visiteur de l’évocation d’un bal à celle de la vie moderne (la bonne société bouge beaucoup et vite, en chemin de fer) pour finir par l’apparition de la haute couture et les joyaux. Avec plusieurs objets et vêtements qui ont appartenu à Eugénie. Ainsi, le corsage de la toilette qu’elle portait lors de l’attentat perpétré par Orsini, le soir du 14 janvier 1858… L’impératrice savait parfaitement mettre en valeur le savoir-faire français avec ses « toilettes politiques », disait-elle. Un savoir-faire exporté ou copié dans le monde entier- et dont les expositions universelles de 1855 et de 1867 furent les éblouissantes vitrines.
Et tandis que les tout nouveaux Bon Marché et Magasins du Louvre proposent ce qu’on n’appelle pas encore du prêt-à-porter, les dames de la bonne société s’habillent chez Worth, portent les bijoux de Mellerio, Cartier ou Boucheron, se parfument chez Guerlain (fournisseur impérial) et se font peindre par Winterhalter ou Dubufe…
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