Des entérocoques résistants alimentaires peuvent coloniser l'intestin

Publié le 17/10/2001
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McDonald (Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta) et coll. ont découvert qu'au moins 17 % des poulets (n = 407) achetés dans les supermarchés de quatre Etats américains contiennent des entérocoques faecium résistants à la quinupristine-dalfopristine. Ce nouvel antimicrobien est autorisé par la FDA depuis 2 ans dans le traitement des infections à Enterococcus faecium résistantes à la vancomycine. Des souches identiques ont été isolées dans un petit nombre d'échantillons de selles de patients non hospitalisés.

Une étude, conduite avant la mise sur le marché de la quinupristine-dalfopristine, avait suggéré que l'utilisation massive, aux Etats-Unis, de la virginiamycine (streptogramine apparentée à la quinupristine-dalfopristine) à doses infrathérapeutiques pour favoriser la croissance des animaux de ferme, dont les poulets, a créé dans la chaîne alimentaire un réservoir d' E. faecium résistants aux streptogramines.
Si des organismes résistants aux antibiotiques sont souvent retrouvés dans les viandes vendues au détail, on ne sait pas bien si l'ingestion de ces organismes a des conséquences cliniques.

Ingestion volontaire d'E. faecium

Sorensen et coll. (Statens Serum Institut, Copenhague, Danemark) ont conduit une étude peu commune. Douze volontaires sains ont ingéré une faible suspension de souches d'entérocoques faecium résistants aux streptogramines ou aux glycopeptides, souches isolées à partir d'un poulet cru acheté au supermarché, ou d'un cochon tué à l'abattoir. Les chercheurs ont constaté que ces souches résistantes sont capables de coloniser transitoirement l'intestin des volontaires sains et sont retrouvées jusqu'à 14 jours plus tard dans les selles.
L'émergence de souches résistantes aux glycopeptides est liée à l'utilisation massive de l'avoparcine (un glycopeptide apparenté à la vancomycine) dans la nourriture des animaux en Europe, mais son utilisation a été interdite en 1997 dans les pays de l'Union européenne.

« New England Journal of Medicine », 18 octobre 2001, p. 1155 et 1161 et 1202.

Dr V. N.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6991