LE HAMAS, qui refuse de renoncer à la violence, obtiendrait environ un tiers des voix, selon les tout derniers sondages, autant que le Fatah, qui contrôle le Conseil législatif palestinien où il détient 62 des 88 sièges. C’est dire que la composition de l’assemblée va changer profondément, au profit d’un parti qui est aussi un mouvement violent et alors que le président de l’Autorité, Mahmoud Abbas, ne parvient pas à s’imposer aux factions.
Un rôle social.
Le climat de ces élections n’est pas bon. Le Djihad islamique, petit mouvement terroriste, a encore commis un attentat à Tel Aviv jeudi dernier, faisant une vingtaine de blessés. Entre-temps, Israël avait autorisé les Palestiniens de Jérusalem-Est à participer au vote, ce qui aurait dû détendre l’atmosphère. Mais les terroristes s’en moquent.
Le processus de paix est complètement bloqué, d’une part parce qu’Ariel Sharon agonise sur son lit d’hôpital et qu’aucune décision gouvernementale importante ne peut être prise avant les élections israéliennes de la fin du mois de mars ; d’autre part parce que M. Abbas, qui a condamné l’attentat de Tel Aviv, ne sait pas qui il devra nommer Premier ministre après le 25 janvier. Pas plus qu’il ne sait s’il peut présenter un plan diplomatique qui reçoive l’assentiment d’une majorité de Palestiniens.
L’ascension du Hamas n’est pas une bonne nouvelle pour la paix dans la mesure où ce mouvement a toujours espéré l’emporter par la terreur contre Israël. Mais, contrairement au Djihad, le Hamas joue un rôle social dans les territoires et a pris le relais, avantageusement, d’une Autorité absente ou corrompue. C’est de ce travail que le Hamas recueillera les fruits demain : il est populaire parce qu’il aide les Palestiniens pauvres, qui sont très nombreux, comme on l’imagine.
Certains Israéliens n’écartent pas l’idée de négocier un jour avec le Hamas. Ils savent que toutes les factions palestiniennes ont trempé dans la violence, y compris les mouvements comme les brigades Al Aqsa, qui se réclament d’Arafat et sont contrôlés par le Fatah. Si les Israéliens n’attendent que l’occasion de sortir Marwan Barghouti (considéré comme un héros par les Palestiniens) de la prison où ils le maintiennent pour en faire un interlocuteur valable, ils ne devraient pas trouver choquant de négocier avec le Hamas. La différence entre l’un et l’autre, c’est que M. Barghouti est disposé à relancer le processus de paix alors que la philosophie du Hamas repose encore aujourd’hui sur le projet de détruire Israël.
LE HAMAS SERAIT INACCEPTABLE SI L'AUTORITE PALESTINIENNE ETAIT EFFICACE
Un chaos désespérant.
C’est pourquoi il vaudrait mieux, pour les Palestiniens, que le Hamas perde les élections. Mais, en attendant une paix lointaine, on comprend aussi qu’ils sont désespérés par le chaos et l’anarchie qui règnent dans les territoires. Certes, Israël est en partie responsable du désordre, même s’il n’a jamais eu que le choix de riposter par la répression aux attentats. Il n’empêche que la violence et la corruption n’étaient pas inéluctables : pour rester populaire aux yeux de tous, Yasser Arafat avait ménagé les diverses factions, laissant à son successeur le soin de remettre de l’ordre dans la pétaudière qu’il lui a léguée.
Les incertitudes sont donc immenses du côté palestinien ; elles ne sont pas moins grandes du côté israélien, car on ne sait pas ce qui sortira des élections de mars. Pour le moment, Kadima, le parti fondé par M. Sharon, reste très populaire. Les sondages lui accordent entre 40 et 45 sièges à la Knesset (sur 120), contre 12 à 15 pour le Likoud, la coalition de droite désormais dirigée par Benjamin Netanyahu. Les Israéliens auraient donc compris que Kadima représente l’héritage politique de Sharon, que c’est une option qui va dans le sens de la négociation et que les meilleures volontés d’Israël devront soutenir ce parti s’il arrive au pouvoir. L’inquiétude des partisans de la paix réside dans la pusillanimité de l’électorat, qui réclame à la fois une sécurité absolue et une solution négociée avec les Palestiniens. L’attentat de Tel Aviv (et ceux qui suivront), les positions actuelles du Hamas, qui reste un ennemi redoutable pour Israël, les limites de Mahmoud Abbas, le Palestinien le plus pacifique et en même temps le moins écouté, l’influence délétère de la Syrie et de l’Iran, qui s’entendent fort bien pour encourager et soutenir financièrement les attentats-suicides, et ne rêvent que d’une grande guerre qu’ils auraient déjà engagée s’ils avaient eu une chance de la gagner : tout cela forme un tableau très peu favorable à la feuille de route et à la création d’un Etat palestinien.
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