Stimulation des récepteurs AT2
LE SYSTEME rénine-angiotensine est un acteur majeur de la régulation de la pression artérielle ainsi que de la balance hydrosodée. L'angiotensine II est l'hormone active de ce système. Il s'agit d'un puissant vasoconstricteur. Elle peut stimuler deux types de récepteurs spécifiques, AT1 et AT2, situés dans la membrane cellulaire de divers tissus. La stimulation des récepteurs AT1 par l'angiotensine II entraîne une vasoconstriction, une augmentation de la contractilité vasculaire, une hyponatrémie, une hypertrophie vasculaire et cardiaque, et une réponse inflammatoire. Ces récepteurs sont ainsi des éléments majeurs de la maladie hypertensive. Les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II qui ont été développés ont été choisis pour leur capacité à bloquer sélectivement les récepteurs AT1. Les effets de l'angiotensine II par l'intermédiaire des récepteurs AT2 ont été bien illustrés dans l'article de T.L. Goodfriend et coll. paru en 1996 dans le « New England Journal of Medicine ». Alors que les récepteurs de type AT1 sont plus volontiers localisés au niveau rénal, cardiaque, surrénalien, ainsi que dans le cerveau, le foie, l'utérus et les plaquettes, les récepteurs AT2 sont présents dans le rein et les surrénales, le cerveau, le cœur et les vaisseaux. Globalement, les récepteurs AT2 agissent par activation d'un second messager, le GMP cyclique. Ils sont connus pour être fonctionnels au cours du développement fœtal, mais ils le sont également chez l'adulte. Ils agissent sur la régulation du tonus vasculaire, leur stimulation entraînant en effet une vasodilatation. Dans une étude réalisée par D. You (centre de recherche cardio-vasculaire Lariboisière, Inserm) à paraître dans la revue « Circulation » en 2005, la stimulation des récepteurs AT2 s'est révélée avoir un effet vasoconstricteur chez le rat spontanément hypertendu (SHR), mais également un effet vasodilatateur chez le rat normotendu ou chez le SHR traité pharmacologiquement.
Une fonctionnalité préservée au long cours.
En 2002, R.E. Widdop et coll. (Melbourne) ont démontré, chez l'animal, que la vasodilatation induite par les récepteurs AT2 en cas de blocage des récepteurs AT1 par des antagonistes spécifiques n'induit pas de tachyphylaxie. Ainsi, la fonction des récepteurs AT2 reste préservée à court et surtout à long terme en cas de traitement par des antagonistes des récepteurs AT1 de l'angiotensine. Les récepteurs AT2 de l'angiotensine Il sont présents sur la cellule musculaire lisse artérielle sur laquelle ils régulent le niveau de la résistance vasculaire périphérique. Toutefois, ils sont également présents sur de nombreux autres types cellulaires, comme les fibroblastes, les myofibroblastes, les monocytes et les macrophages, ou encore les cellules endothéliales. Ils participent à des modifications phénotypiques de ces cellules.
Dans le remodelage vasculaire.
R.E. Schmieder et coll. (université d'Erlangen-Nuremberg, Allemagne) ont cherché à déterminer si, chez l'homme, les variants du gène du récepteur AT2 pouvaient moduler les effets de l'angiotensine II sur le ventricule gauche. En 2001, ils ont mesuré chez 120 sujets jeunes normotendus ou modérément hypertendus les concentrations plasmatiques d'angiotensine II et d'aldostérone, la natriurèse et la pression artérielle sur vingt-quatre heures, et évalué la structure de leur ventricule gauche par échocardiographie en deux dimensions. Rapportés au polymorphisme du gène de leurs récepteurs AT2, les résultats de ces explorations suggèrent que le polymorphisme génétique de ces récepteurs serait associé au degré d'hypertrophie du ventricule gauche.
Enfin, K. Alfakih et coll. (Leeds, Royaume-Uni) ont cherché à préciser les relations entre le polymorphisme génétique des récepteurs AT2 et la masse ventriculaire gauche chez 197 patients hypertendus et 60 volontaires sains. Cette étude a montré l'existence d'une association statistiquement significative entre l'allèle -1332G de ce récepteur et l'hypertrophie ventriculaire gauche chez les hypertendus.
Il est légitime de se demander si les récepteurs AT2 ne pourraient pas avoir des effets délétères sur la structure cardio-vasculaire en cas d'affection cardio-vasculaire. Globalement, il est possible d'affirmer que la stimulation de ces récepteurs n'est « ni bonne ni mauvaise », pour reprendre la formule de B. Lévy, elle a des effets bénéfiques sur le tonus vasomoteur et, donc, sur le niveau de pression artérielle, cependant, ses effets sur le remodelage cardio-vasculaire restent à préciser chez l'homme.
D'après la communication du Pr Bernard Lévy, centre de recherche cardio-vasculaire Lariboisière, Inserm U689, hôpital Lariboisière, Paris.
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