Le développement psychomoteur de l'enfant dépend certes de facteurs endogènes, génétiques et biochimiques, mais les facteurs environnementaux exogènes, psychosociaux et physico-chimiques y ont une part importante.
Parmi les facteurs exogènes qui affectent précocement le développement de l'enfant, on note l'exposition à certains produits chimiques. Parmi ceux-ci, les polychlorobiphényles (PCB). Leur production et leur utilisation ont été interdites entre 1977 et 1983, mais ils persistent dans l'environnement. Or, on sait qu'ils traversent la barrière placentaire, exposant le foetus aux PCB circulants dans le sang maternel. Après la naissance, le nouveau-né est encore exposé aux PCB contenus dans le lait maternel. Parmi les effets biologiques de ces produits, leur neurotoxicité est connue et a été étudiée par des études de cohorte qui ont montré les effets néfastes sur le développement neurologique d'une exposition prénatale, mais aussi postnatale précoce. Ces études n'ont pas clairement répondu à la question des effets sur le développement tardif.
L'étude que publie le « Lancet » aujourd'hui tente d'évaluer les effets d'une exposition précoce aux PCB sur le développement psychomoteur entre 7 et 42 mois. Elle compare aussi les effets de cette exposition avec les effets de l'environnement psychosocial des enfants. L'évaluation des facteurs psychosociaux a été estimée à l'aide d'un score, le HOME (Home Observation for Measurement of the Environment), qui évalue la qualité de la stimulation dans l'environnement familial.
Entre 1993 et 1995, 171 dyades mères-enfants ont été incluses dans l'étude. Le développement psychomoteur a été mesuré chez les nouveau-nés âgés de 7, 18, 30 et 42 mois, grâce à l'échelle Bayley jusqu'à 30 mois et par les tests de Kaufman à 42 mois. L'exposition aux PCB a été mesurée grâce à des prélèvements dans le cordon ombilical et dans le lait maternel et à 42 mois par un prélèvement sanguin chez le nourrisson.
L'effet positif de la stimulation parentale
Les résultats ont montré une corrélation négative entre la concentration en PCB du lait maternel à tous les âges, mais celle-ci devient significative à partir de 30 mois. Ainsi, au-delà de 30 mois, un accroissement de 173 à 679 ng/g de lipides dans le lait provoque une chute de 8,3 points à l'échelle de Bayles mesurant le développement moteur de l'enfant. Surtout, cet effet est confirmé à 42 mois. L'analyse a établi que les facteurs psychosociaux (stimulation parentale) ont un effet positif à partir de 30 mois et compensent l'effet négatif de l'exposition aux PCB. Les auteurs se demandent si le rôle déterminant des facteurs psychosociaux à partir de 30 mois est en rapport avec une meilleure qualité de l'environnement psychoaffectif de l'enfant ou s'il est dû à une meilleure qualité des tests d'évaluation. Par ailleurs, et ce résultat est un élément important de l'étude, ils notent que si une corrélation négative a été retrouvée entre le développement psychomoteur de l'enfant et la concentration en PCB du lait maternel, cette corrélation n'a pas été retrouvée avec les PCB mesurés sur le prélèvement du cordon ombilical. « Il semble que l'exposition aux PCB paraisse plus importante sur le développement tardif, l'exposition additionnelle via l'allaitement maternel semble en être la cause. »
En dépit du rôle délétère des PCB, la conclusion de l'étude reste favorable : « un environnement psychosocial favorable neutraliserait l'effet défavorable de l'exposition aux PCB ».
« Lancet », vol. 358, 10 novembre 2001, pp. 1602-1607.
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