LORSQUE l'on évoque l'hormone de croissance, on pense bien entendu à son rôle sur la taille et à ses indications pédiatriques. Mais le traitement par hormone de croissance (GH pour l'abréviation du terme anglo-saxon Growth Hormone) a fait la preuve de son impact favorable sur différents paramètres expliquant son bénéfice cardio-vasculaire global. De nombreuses études ont été réalisées chez les adultes déficitaires et ont montré le retentissement favorable du traitement sur la composition corporelle. En effet, la GH diminue la masse grasse, principalement au niveau de la graisse abdominale. Cette réduction est de 2 à 6 kg, selon les différentes études disponibles, de 3,1 kg en moyenne selon les données d'une métaanalyse récente (1). Cet effet est observé dès le troisième mois de traitement et se maintient pendant un à deux ans, mais il tend à s'atténuer par la suite. Parallèlement, la GH augmente la masse maigre en stimulant la croissance de la masse musculaire. Cet effet est important, puisque les patients gagnent entre 2 et 5,5 kg de masse maigre, 2,7 en moyenne dans la métaanalyse (1). La normalisation de la masse maigre, acquise en six mois environ, se maintient au-delà.
Par ailleurs, le traitement par GH restaure l'équilibre hydrique de l'organisme en corrigeant la déshydratation. Elle a également un impact favorable sur la minéralisation osseuse, notamment au niveau vertébral, précise le Pr Tauber.
Enfin, la GH diminue le cholestérol total et le LDL cholestérol, augmente le HDL cholestérol, sans modifier de façon significative la concentration des triglycérides. L'ensemble de ces actions contribue à une diminution du risque cardio-vasculaire global.
Le syndrome de Prader-Willi.
Les effets de l'hormone de croissance sont retrouvés chez les enfants, même si les études disponibles sont moins nombreuses. L'impact du traitement a cependant été bien authentifié par des travaux menés chez les jeunes patients atteints de syndrome de Prader-Willi. Chez ces sujets qui, bien que maigres au début de la maladie, ont une masse grasse très augmentée, la mise sous GH se traduit par une diminution de cette masse grasse, une augmentation importante de la masse maigre, ainsi qu'une amélioration de la force musculaire.
Outre son bénéfice sur la masse musculaire et le profil lipidique, qui contribue à une diminution du risque cardio-vasculaire, le traitement par hormone de croissance a un effet majeur sur la qualité de vie des patients, jeunes ou plus âgés : si on arrête le traitement chez des adolescents atteints de syndrome de Prader-Willi n'ayant pas de déficit en GH à l'âge adulte (20 % des cas environ), ils se plaignent de fatigue, de perte d'énergie, de manque de dynamisme... « L'hormone de croissance n'est pas une hormone de luxe », conclut le Pr Tauber.
D'après un entretien avec le Pr Maïthé Tauber, unité d'endocrinologie, hôpital des enfants, Toulouse.
(1) Maison P et coll. Impact of growth hormone treatment on cardiovascular risk factors in GH-deficient adults : a meta-analysis of blinded, randomized, placebo-controlled trials ; J Clin Endocrinol Metab 2004;89:2192-?????.
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