Malgré une large diffusion des méthodes contraceptives médicales, le recours à l’interruption de grossesse volontaire (IVG) reste stable en France.
En 2015, 220 000 interventions ont été pratiquées, dont 57 % par voie médicamenteuse : un pourcentage qui ne cesse d’augmenter depuis 1990. C’est l’une des raisons qui a conduit le Centre Clotilde Vautier à lancer une étude spécifique sur la douleur dans ce type d’IVG, soutenue par la Fondation de l’Avenir. « Depuis sa création, la Fondation se préoccupe de l’organisation des soins mais également de l’amélioration des pratiques de soin, ce qui passe par la prise en charge de la douleur, explique Dominique Letourneau, son président. La "banalisation" de l’IVG par voie médicamenteuse serait une erreur : le lien étroit entre le patient et le médecin demeure fondamental. » En effet, l’IVG médicamenteuse n’est en aucun cas un acte anodin, comme le confirment les résultats de l’enquête présentée le vendredi 18 novembre. Une étude qui comprend deux volets : un volet scientifique, mené par l’INSERM auprès de 453 femmes dans 11 centres d’IVG de France, et un volet sociologique, conduit par l’Université de Nantes, dans les centres d’IVG de Nantes.
Fatigue, nausées
D’après l’étude menée par l’INSERM, la fatigue est l’effet secondaire le plus fréquent (88 %), puis viennent les nausées (70 %), les vertiges (42 %), les céphalées (42 %), les diarrhées (37 %) et les vomissements (28 %). Au total, 94 % des femmes ont déclaré au moins l’un de ces symptômes – autre que la douleur – dans les cinq jours qui ont suivi l’IVG. En ce qui concerne l’intensité de la douleur, 27 % des femmes indiquent avoir ressenti des douleurs très intenses le 3e jour, soit près d’une patiente sur trois. « L’intensité de ces douleurs est corrélée à trois facteurs : la nulligestité (lorsqu’il s’agit d’une première grossesse), l’existence de règles douloureuses et la dose de mifépristone, le premier principe actif prescrit, précise Marie-Josèphe Saurel-Cubizolles, chercheur à l’INSERM au sein de l’équipe de recherche en épidémiologie obstétricale, périnatale et pédiatrique. En effet, nous avons observé que les femmes ayant reçu une dose de 200 mg de mifépristone avaient des douleurs plus intenses que celles ayant eu une dose de 600 mg : une information à prendre en compte. »
Importance de l’écoute
La question du recours à l’IVG se pose rapidement lors de la découverte d’une grossesse non désirée. Et, si le choix peut être très clair pour certaines femmes, d’autres se retrouvent dans l’incertitude, face aux questionnements, aux doutes. « L’accueil, l’accompagnement et l’écoute proposés par le personnel soignant sont absolument fondamentaux, rappelle ainsi le Dr Philippe David, gynécologue-obstétricien, chef de service du centre IVG Clotilde Vautier et de la Maison de la naissance à la clinique Jules Verne (Nantes). L’IVG est un moment compliqué, dramatique parfois… Il faut donc mettre en place des unités d’accueil bienveillantes, à l’écoute, pour informer et pour accompagner au mieux la femme qui se retrouve dans cette situation. » En effet, les deux enquêtes – scientifique et sociologique – ont révélé l’importance de cet accompagnement des patientes, que ce soit avant, pendant et après l’intervention.
Site Internet de la Fondation de l’Avenir : www.fondationdelavenir.org
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