LES QUELQUE 850 millions d'euros consacrés par l'Etat à la lutte contre la grande exclusion, principalement par le biais des associations, sont mal distribués, estime la Cour des comptes. Son rapport public thématique, sous le titre « les personnes sans domicile », souligne que, «malgré des moyens en augmentation et un engagement fort de tous les acteurs, la situation des personnes à la rue (63 500 adultes accompagnés de 16 000 enfants, selon les dernières données Insee) n'a que peu changé». Les Sages de la rue Cambon dénoncent surtout «l'inadaptation des dispositifs à la diversité des situations». Les années récentes, affirment-ils, ont été marquées «par une trop forte polarisation des moyens sur les dispositifs d'urgence au détriment de solutions de plus long terme prévoyant une aide à la réinsertion».
Le rapport souligne que vivent aujourd'hui sans domicile des femmes seules fréquemment accompagnées d'enfants, des personnes aux revenus faibles qui ont un emploi, mais qui n'accèdent pas au logement, des jeunes en rupture avec leur famille, des immigrés parfois en situation illégale, des personnes toxicomanes ou souffrant de maladies psychiatriques. Cette diversité croissante, ces effectifs en constante progression imposent des prises en charge sous de multiples formes, pour apporter des réponses organisées et durables.
Urgence réelle et demandes ponctuelles récurrentes.
En particulier, il conviendrait d'en finir avec la confusion faite entre de véritables situations d'urgence et la prise en charge ponctuelle et récurrente de demandes qui restent durablement sans réponse. Autrement dit, la Cour voudrait que les dispositifs d'urgence retrouvent leur vocation stricte et que l'on en finisse avec le recours aux nuitées d'hôtel pour accueillir des familles entières, coûteuses et fréquemment dépourvues de tout accompagnement social. Tandis que ce recours aux hôtels nécessiterait d'être encadré, les Chrs (centres d'hébergement et de réinsertion sociale), pivot de la politique d'insertion des sans-domicile, qui représentent 70 % du dispositif de l'accueil et de l'hébergement (490 millions d'euros en 2006), doivent adapter leurs prestations selon les publics : personnes alcooliques ou souffrant de maladie psychiatrique, personnes accompagnées d'enfants, personnes qui sortent de prison, dont l'accès doit y être assuré. Bref, il faut un suivi qui corresponde aux multiples statuts médicaux et sociaux rencontrés, pour éviter que, après plusieurs mois passés dans les centres, une part importante des sorties ne corresponde à un retour à une situation précaire. Au passage, la Cour déplore qu'aucune donnée récente ne chiffre l'accès à l'emploi et au logement des personnes accueillies dans les centres.
Pour l'accès et le maintien durable dans le logement, le rapport recommande de simplifier les procédures pour créer des résidences sociales, de transformer les maisons-relais (logements accompagnés par un couple d'hôtes) en habitat durable et, surtout, de donner l'instruction aux préfets de généraliser l'utilisation de leur pouvoir de réservation. Enfin, il faut accorder la priorité au logement très social, qui ne représente aujourd'hui que «moins de 2% du parc».
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