À PARTIR d'une étude à la méthodologie originale, une équipe de l'université du Michigan a établi que les nouveau-nés de femmes dépressives ou l'ayant été pendant la grossesse peuvent rencontrer des difficultés à acquérir leur rythme veille-sommeil. Roseanne Armitage et coll. travaillent depuis de nombreuses années sur les facteurs influant sur le sommeil et l'humeur : dépression, rythmes circadiens, exposition à la lumière… Après s'être intéressés aux ados et aux pré-ados, les chercheurs se sont penchés sur les nouveau-nés.
Ils ont enrôlé des femmes venant d'accoucher et les ont séparées en deux groupes. L'un était composé de mamans ayant consulté pour dépression au cours de la grossesse, l'autre, de femmes sans antécédents dépressifs. Toutes ont reçu une sorte de bracelet-montre, un « actigraphe », qui enregistrait leurs périodes de sommeil, d'activité, de repos et d'exposition à la lumière. À l'âge de 2 semaines, les bébés ont reçu aussi un « mini-actigraphe » enregistrant le même type d'informations. L'expérimentation a duré jusqu'à l'âge de 8 mois.
Pas ou guère de tendance à l'amorce d'un rythme.
L'analyse des données montre un retentissement de la dépression maternelle chez les nourrissons. Dans ce groupe, peu après la naissance, les auteurs constatent qu'il n'y a pas ou guère de tendance à l'amorce d'un rythme circadien, contrairement à ce qui se passe dans le groupe témoin. Ce schéma irrégulier persiste jusqu'à la fin de l'expérimentation, c'est-à-dire à l'âge de 8 mois.
Roseanne Armitage considère avoir identifié un des facteurs de risque de dépression ultérieure chez ces enfants. Mais elle se veut aussi rassurante, expliquant que les enfants de mères dépressives ne sont pas obligés de leur emboîter le pas. Elle ajoute que tous ceux qui ont connu des troubles du rythme circadien ne seront pas dépressifs. Simplement, si le sommeil n'est pas régulier et les rythmes circadiens faiblement marqués, le risque est majoré.
Aussi, pour permettre au bébé de bien ajuster son horloge, les auteurs donnent quelques conseils. Tout d'abord, au cours des deux premiers mois, un bébé a besoin de 11 à 18 heures de sommeil, qui passent à 11-15 heures jusqu'à 12 mois, pour se stabiliser à 12-14 heures jusqu'à 3 ans. Il est ensuite très important de marquer ces moments de sommeil (sieste ou nuit) : coucher et éveil à heure fixe ; rituels pour le coucher (dont vêtement de nuit) qui font la différence avec les siestes (en vêtement de jour) ; s'assurer que l'enfant est en ambiance lumineuse au cours de la journée. «Les nourrissons comprennent ces indices», conclut la chercheuse américaine.
European Sleep Research Society Meeting, Glasgow, Écosse.
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