UNE BONNE nouvelle dans le monde, mais une situation encore préoccupante en France concernant l’infection à VIH. « La croissance globale de l’épidémie mondiale semble s’être stabilisée », constate ainsi le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) dans son rapport 2010. En revanche, en France, avec 6 300 personnes ayant découvert leur séropositivité en 2010, « la situation épidémiologique de l’infection à VIH reste bien peu satisfaisante », commente le Pr François Dabis (2). Dans ce contexte, il est intéressant de noter les particularités de cette infection chez les femmes.
• Dépistage et découverte de séropositivité
Les informations sur l’infection à VIH en France sont issues, pour le dépistage, de l’enquête LaboVIH et, pour les découvertes de séropositivité, de la déclaration obligatoire de l’infection et de la surveillance virologique menée par le Centre national de référence du VIH.
Tous sexes confondus, les résultats 2003-2010 montrent que les découvertes de l’infection se font plus souvent à un stade asymptomatique que les années précédentes. Elles ont lieu à un âge plus avancé chez les hommes (en moyenne 38,7 ans) que chez les femmes (en moyenne 36,3 ans). « Depuis 2003, remarquent Françoise Cazein et coll., l’âge moyen des femmes a augmenté régulièrement, alors que celui des hommes est resté stable » (3).
Autres spécificités féminines : la majorité de ces femmes (59 %) sont nées en Afrique Subsaharienne et la quasi-totalité (97 %) a été contaminée par des rapports hétérosexuels alors que ce mode de contamination concerne seulement 38 % des hommes. La proportion de patientes les plus jeunes (moins de 25 ans), qui est restée stable depuis 2006, est deux fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes (13 % contre 6 %). À l’inverse, les personnes infectées de plus de 50 ans, dont la part a augmenté depuis 2003, sont moins nombreuses dans la population féminine (9 %-16 % contre 19 %-28 %). « Un tiers des femmes hétérosexuelles étaient diagnostiquées à l’occasion d’un bilan ».
Les femmes bénéficient d’un diagnostic de l’infection à un stade plus précoce que les hommes. Dans la population hétérosexuelle, « la part des découvertes de séropositivité à un stade avancé de l’immunodépression (< 200 lymphocytes CD4) est plus importante chez les hommes » : 39 % des hommes nés en France et 44 % de ceux nés à l’étranger contre, respectivement 22 % et 31 % des femmes. Enfin, chez les hétérosexuels encore, on observe une proportion de sous-types viraux non-B plus importante chez les femmes, quel que soit leur lieu de naissance : 41 % contre 28 % chez les personnes nées en France et 69 % contre 56 % chez celles nées à l’étranger.
• Les pathologies inaugurales
En ce qui concerne les pathologies inaugurales, Florence Lot et coll. rapportent un sexe ratio de 2,2 hommes pour 1 femmes chez les sujets qui ont développé un sida durant la période 2003-2010 (n = 14 214) (4). Il existe des variations de cet élément selon la pathologie inaugurale. Le sexe ratio est beaucoup plus élevé lorsqu’il s’agit d’une maladie de Kaposi (7,1) que d’une tuberculose (1,4). « Il est de 4,5 pour les lymphomes non hodgkiniens et se situe entre 1,6 et 2,7 pour les autres pathologies ». À noter que la tuberculose est une pathologie inaugurale plus fréquente chez les femmes. L’explication est simple : cette affection touche plus volontiers « les personnes migrantes et notamment celles nées en Afrique Subsaharienne ».
Ces auteurs relèvent une autre différence entre les sexes, portant sur l’impact de la prise en charge sur le mode d’entrée dans le sida. « Les personnes ayant bénéficié d’un traitement antirétroviral présida (comparativement à celles n’en ayant pas bénéficié) sont plus particulièrement des femmes (33 % contre 30 %), des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et des usagers de drogues injectables ».
• Les admissions en ALD
À propos des admissions en ALD (affection longue durée), Josiane Pillonel et coll. expliquent que « l’analyse par sexe et classe d’âge montre quelques disparités de tendances ou de nombres, plus marquées chez les femmes et les 15-34 ans » (5). Chez les hommes, le nombre d’admission en ALD7 (infection par le virus de l’immunodéficience humaine. [VIH]) est proche de l’estimation des découvertes de séropositivité et stable sur la période 2003-2009. Ce qui n’est pas le cas pour les femmes chez lesquelles « on observe une diminution au cours du temps, plus forte pour la déclaration obligatoire VIH que pour les admissions en ALD7».
(1)Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) 2011 ; n°43-44. Numéro thématique – L’infection à VIH-sida en France en 2009-2010 : découvertes de séropositivité, admissions en ALD et pathologies inaugurales de sida.
(2) BEH 2011 ; 43-44 : 445-6.
(3) BEH 2011 ; 43-44 : 446-54.
(4) BEH 2011 ; 43-44 : 454-58.
(5) BEH 2011 ; 43-44 : 458-63.
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