L’ASSOCIATION RIR (Regroupement, Implantation, Redéploiement) d’Ile-de-France est pilotée par des professionnels libéraux investis dans la politique régionale de santé, et notamment dans l’étude et l’amélioration de l’offre de soins. Elle propose d’aider les élus des communes à réorganiser les conditions de travail des médecins pour pallier la pénurie médicale.
Elle constate, dans une récente étude, que, si l’offre de soins globale de la région parisienne reste supérieure à la moyenne nationale (424 médecins pour 100 000 habitants contre seulement 324 dans l’ensemble de la France), elle cache des disparités telles que certaines communes peuvent d’ores et déjà être assimilées à des déserts médicaux. Pour le Dr Bernard Huynh, président du RIR (1), «si on va dans le détail, on s’aperçoit que certaines communes, comme Achères, Chanteloup-les-Vignes, Vernouillet ou Bréval, dans les Yvelines, ou encore La Courneuve, Montreuil et Villetaneuse, en Seine-Saint-Denis, ont une offre de soins très faible». Sans compter que l’âge moyen des médecins franciliens est supérieur à la moyenne nationale, si bien que d’ici à 2015, 30 % d’entre eux seront partis à la retraite.
La situation deviendra particulièrement alarmante pour certaines spécialités, comme l’ophtalmologie ou la gynécologie-obstétrique, pour lesquelles la diminution des médecins en exercice pourrait atteindre jusqu’à 50 %.
La pédiatrie touchée.
Le Dr Laurent Elghozi, maire adjoint de Nanterre chargé de la Santé, explique que, dans sa ville, on est passé en vingt ans de 72 à 50 généralistes. Et que le phénomène s’accélère puisque, au cours des six dernières années, 36 médecins généralistes sont partis à la retraite contre 20 qui se sont installés. «Les élus ont beaucoup de mal à apprécier l’ampleur du problème, regrette le Dr Elghozi, car cela se passe petit à petit. Quand des médecins partent à la retraite mais sont en partie remplacés par d’autres, on ne prend pas la mesure du phénomène.» Il y a plus. Toujours selon les résultats de l’étude du RIR, la ville de Choisy-le-Roy, dans le Val-de-Marne (30 000 habitants), n’a plus de pédiatre. A Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, il n’y a pas non plus de pédiatre, ni d’ORL, ni de gynécologue, ni de dermatologue. Sur les 51 communes franciliennes concernées à terme par l’étude, 27 ont déjà bénéficié d’un état des lieux précis. Et pour 80 % d’entre elles, il a été constaté un déséquilibre entre l’offre et la demande de soins. Un déséquilibre aggravé par le fait qu’une commune qui manque de médecins manque également presque toujours de professions paramédicales, comme les infirmiers ou les kinés. Ce qui fait dire au Dr Bernard Huynh que «les solutions préconisées par Yvon Berland dans son rapport sur la démographie médicale ne paraissent pas toujours adaptées à ces territoires. Préconiser un transfert de compétences ou une délégation de tâches vers des paramédicaux, alors que ceux-ci font tout autant défaut que les médecins, ne mène pas à grand-chose».
La solution, pour Bernard Huynh, passe donc par «la mise en oeuvre de structures viables et libérales», c’est-à-dire par le regroupement des professionnels libéraux. Le RIR proposera à cet effet aux médecins volontaires des modèles juridiques et financiers de cabinets de groupe ou de maisons médicales pluridisciplinaires. Mais il faudra attendre un peu pour passer de l’analyse du problème à la proposition de solution. Le RIR est en effet dans l’attente d’un financement complémentaire du Faqsv (Fonds d’aide à la qualité des soins de ville) d’Ile-de-France.
(1) Pour plus d’informations sur l’étude, envoyer un mail à contact@rir-idf.org.
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