«LA FRANCE DÉTIENT le triste record d’être le premier pays européen en matière de consommation des drogues par les jeunes (...). Or, les pouvoirs publics, particulièrement la Mildt, mènent une politique de gestion de la toxicomanie, au prétexte de la réduction des risques.» Des «stratégies de banalisation des drogues» sont «mises en oeuvre (...) des associations financées par la Santé et la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie distribuent des kits (...) ainsi que des flyers, détaillant les différentes étapes pour consommer “proprement” l’héroïne et la cocaïne, à des adolescents non toxicomanes dans des lieux festifs et des établissements scolaires ».
Face à ce qu’ils considèrent comme une «dérive de la politique de prévention des risques», 86 députés UMP, UDF et non inscrits – parmi lesquels les Drs Bernard Debré (Paris), Olivier Jardé (Somme) et Christian Cabal (Loire) – demandent «la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’utilisation des fonds de la Mildt et les subventions allouées à des associations présentant sous un jour favorable les drogues».
Dans une lettre adressée au Premier ministre, le 25 janvier, Jean-Paul Garraud (UMP Gironde), leur porte-parole, sollicite «du chef de l’Etat qu’il déclare 2006 année de la lutte contre la toxicomanie». Et il souhaite «qu’il soit répondu aux nombreuses questions posées lors du débat sans vote qui s’est tenu sur ce sujet à l’Assemblée nationale le 14avril 2005». Cela concerne, notamment, le renforcement de la prévention dans les établissements scolaires (loi du 9 août 2004) et le développement de «communautés thérapeutiques sans substitution».
Pour les 86 députés mobilisés, leur démarche se situe dans le droit fil de la commission sénatoriale sur la politique de la Mildt, qui a rendu un rapport, en octobre 2001, intitulé « Que fait la Mission de son argent ? » et dont «les mises en garde ont été ignorées» (sic). Le sénateur Roland du Luart (UMP, Sarthe) s’interrogeait sur «les alliances que la Mildt développe avec les associations revendiquant la légalisation des drogues, telles ASUD et Technoplus, ou bien le maintien dans une toxicomanie supposée “plus propre”, telle SOS-Drogue International».
La commission des Affaires sociales de l’Assemblée donnera ou non une suite favorable à l’initiative des 86 députés, qui espèrent pouvoir produire un énième rapport sur la drogue, au plus tôt dans les six mois.
« Une croisade de plus ».
A la Mairie de Paris, Alain Lhostis dénonce «une croisade de plus contre une politique qui gagne depuis vingt ans». Elle «fait fi», souligne-t-il, de la chute des décès par overdose, divisés par cinq entre 1994 et 2002, de la «diminution spectaculaire» des contaminations VIH/sida chez les usagers de drogue par voie intraveineuse (2 % des infections) et de la «meilleure qualité de vie et de la réinsertion réussie» des personnes sous substitution. «Cette politique n’a jamais été synonyme de banalisation des drogues et de leur consommation», souligne l’élu parisien. En 1987, déjà, des voix s’étaient élevées avec force et confusion contre Michèle Barzach, ministre de la Santé, qui avait choisi de rendre accessibles les seringues dans les pharmacies d’officine pour stopper la contamination au VIH chez les toxicomanes ; puis, en 1994, contre Simone Veil, ministre des Affaires sociales, qui donnait à la substitution ses lettres de santé publique. On l’a accusé, alors, de faire des prescripteurs de méthadone et de buprénorphine des «dealers en blouse blanche».
En fait, lutter contre les drogues et les toxicomanies, c’est, tout à la fois, réprimer les trafics, prévenir les usages, réduire les risques sanitaires et sociaux et prendre en charge les consommateurs.
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