DEPUIS 1988, le CDC d'Atlanta (Centre de contrôle des maladies) a mis en place une unité de surveillance des infections par Vibrio vulnificus. Cette bactérie halophilique, Gram négative, qui fermente le lactose, est un pathogène opportuniste qui est retrouvé dans les eaux salées stagnantes et chaudes (estuaire, delta et marais salant). Sa présence semble corrélée à celle des planctons, coquillages et poissons environnants, ainsi qu'à la température, la salinité, au pH et à l'existence des déchets organiques dans l'eau. Depuis la mise en place de l'unité de surveillance, 16 décès et 45 hospitalisations liés à une infection par Vibrio vulnificus sont en moyenne rapportés chaque année dans les Etats bordant le golfe du Mexique.
La bactérie peut être contractée de deux manières : soit par ingestion de fruits de mer contaminés (huîtres, en particulier), soit par pénétration cutanée directe à la faveur d'une plaie, même superficielle. Cliniquement, l'infection peut se traduire par un tableau de gastro-entérite pseudocholérique (en particulier lorsque la bactérie a été ingérée), par une cellulite bulleuse des tissus mous ou par une septicémie. Chez les sujets atteints de pathologie chronique ou de déficit immunitaire, le risque de formes graves de la maladie est entre 40 et 200 fois plus élevé que pour les sujets sains.
Cette bactérie peut être traitée, dans les phases précoces de la maladie, par une détersion cutanée et par l'association ceftazidime-doxyclycline ou ticarcilline-clavulanate ou pipéracilline-tazobactam. Pour les tableaux digestifs purs, on peut préférer la céfotaxime, le ceftriaxone ou les fluoroquinolones.
Pas de risque d'épidémie.
Le 5 septembre, la Société internationale des maladies infectieuses alertait sur le risque d'infection par Vibrio vulnificus et Vibrio parahaemoliticus chez les rescapés de l'ouragan Katrina et sur la nécessité de traitements précoces chez les personnes atteintes de pathologies chroniques (diabète et insuffisance hépatique, en particulier). Le même jour, un premier cas confirmé a été rapporté par les infectiologues d'un hôpital de Dallas (Texas). Il s'agissait d'une homme de 60 ans souffrant de cardiopathie hypertensive et d'insuffisance cardiaque, qui avait été admis en raison de douleurs bilatérales intenses des membres inférieurs accompagnées d'une fièvre. En moins de 12 heures, il a présenté un tableau de bulles hémorragiques des deux membres et il est décédé, 36 heures après son admission, d'un choc septique en dépit d'un traitement par doxycycline, céfépime et lévofloxacine. Les hémocultures ont permis de confirmer la présence d'une souche de Vibrio vulnificus sensible aux trois antibiotiques prescrits. Le 7 septembre, selon le CDC, le nombre de décès liés à cette bactérie s'élevait à cinq et des patients étaient hospitalisés au Texas et au Mississippi du fait d'une infection de ce type.
Cependant, le risque d'épidémie est écarté par ls CDC : il s'agit en effet d'une bactérie qui ne présente pas de risque de transmission interhumaine directe.
En outre, les premiers prélèvements bactériologiques ont montré la présence d' E. coli dans les eaux pompées à La Nouvelle-Orléans. L'Agence pour le protection de l'environnement a procédé à une recherche de toxiques, en particulier dans les eaux des quartiers industriels de la ville. Les résultats des recherches de composants volatils et semi-volatils organiques, de métaux, pesticides, herbicides et de biphényl polychlorés montrent des taux nettement supérieurs aux normes du pays. C'est pour cette raison que les autorités sanitaires ont demandé d'éloigner formellement tous les enfants des zones inondées. Elles ont aussi sensibilisé les sauveteurs professionnels et volontaires à l'intérêt d'un lavage fréquent (eau propre et savon) des mains et des parties du corps en contact avec l'eau.
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