DES LE 8 janvier 2004, l'ensemble des virologues et des infectiologues vietnamiens ont vécu une période particulièrement difficile. A cette date, en effet, l'annonce de plusieurs cas d'infection humaine par des virus aviaires hautement pathogènes (H5N1) les a obligés à mettre en place un système complexe de surveillance dans un pays aux infrastructures encore imparfaites.
Au cours des six premiers mois de l'année, aucun cas de transmission interhumaine n'a été retrouvé dans le pays et, en l'absence de nouvelles épidémies animales, la maladie a été officiellement déclarée comme éradiquée au mois de juin. Mais de nouveaux cas animaux sont apparus en septembre. Il semblerait qu'ils soient en rapport avec une contamination indirecte par des oiseaux sauvages - des canards, par exemple - restés infectants et de retour dans le pays après les mois d'été.
Comparaison avec Hong Kong.
Une analyse épidémiologique des cas survenus en 2004-2005 laisse à penser que le virus H5N1 survenu au Vietnam est différent de celui en cause dans les premiers cas d'infection humaine à H5N1 recensés en 1997 à Hong Kong. A l'époque, en effet, les personnes touchées avaient toutes eu un contact prolongé avec des poulets (personnels d'élevage ou d'abattoirs). En outre, la moyenne d'âge des sujets touchés se situait aux environs de 30 ans.
Au Vietnam, à l'inverse, ce sont préférentiellement des jeunes enfants qui ont été atteints et ils avaient tous eu un contact occasionnel avec des animaux infectés (basse-cour familiale). Pour le Dr Tran Tinh Hien (Hô Chi Minh-Ville), « dans la mesure où des travaux non publiés font état d'une transmission possible du virus H5N1 2004 au porc, il devient urgent, à la veille du Nouvel An lunaire, période propice aux déplacements dans notre pays, de mettre en place des dispositifs de surveillance humaine et animale renforcés ».
« Nature », vol. 433, pp. 102-104, 13 janvier 2005.
H5N1 et raz de marée
Dans la mesure où le raz de marée du 26 décembre a atteint des régions d'Asie où existent des cas d'infections humaines ou animales par des virus de grippe aviaire hautement pathogènes, les infectiologues de la Société internationale des maladies infectieuses ont analysé le risque d'épidémie dans ces pays.
En Thaïlande, cinq provinces ont été touchées par les innondations et, dans une seule de ces régions (Phan Nga), des virus hautement pathogènes avaient été détectés en février 2004.
En Indonésie, seul le nord de l'île de Sumatra a été touché et l'ensemble des cas animaux survenus sur le territoire en 2004 avaient eu lieu dans le sud.
Enfin, au Sri Lanka, l'OIE n'a jamais fait état de grippe aviaire hautement pathogène. Dans ces conditions, le risque d'épidémie humaine à H5N1 semble très faible. Néanmoins, l'arrivée successive de bénévoles en provenance des pays européens et d'Amérique du Nord, où des cas de grippe existent, peut laisser craindre un réarrangement du patrimoine génétique de H5N1 chez un sujet coïnfecté par un autre type de virus grippal.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature