LA PUBLICATION de notre dossier sur les revenus 2006 (« le Quotidien » du 4 septembre) a provoqué une série de réactions (syndicales ou isolées) qui relancent le débat sur l'évolution des honoraires des différentes spécialités.
La Csmf (Confédération des syndicats médicaux français) tire deux enseignements du bilan fiscal des AGA : «La remise à niveau des honoraires des généralistes (+ 2,4 % en 2006) est désormais une réalité» ; «les revenus des spécialités techniques connaissent une progression notable contrairement aux spécialités cliniques» dont la revalorisation est qualifiée de «priorité n°1». Dans la même veine, le SML (Syndicat des médecins libéraux) dit : «alerte sur les spécialités cliniques»,et consacrera une partie de son université d'été (du 13 au 16 septembre à Opio) à ces disciplines au bas de l'échelle des revenus.
Le Syndicat national des psychiatres privés (Snpp), qui avait quitté la Csmf il y a quatre ans, constate que «les chiffres sont cruels, redoutables» pour cette spécialité (– 2 % du revenu imposable des psychiatres) et accuse les signataires de la convention de «sacrifier» certains pour en «favoriser d'autres». «Nous partions déjà de très bas, où allons-nous arriver?», demande cette organisation qui juge «urgent» de revaloriser l'acte des psychiatres (Cnpsy).
MG-France, de son côté, dénonce le «trompe-l'oeil sur les revenus des généralistes» (en hausse modérée de 2,4 %, selon les AGA) et affirme que l'échantillon utilisé (environ un quart des effectifs des omnipraticiens) ne peut servir de référence pour toute la profession. Le syndicat a fait ses calculs : la progression des honoraires généralistes est «nulle» (sous l'effet d'une diminution du nombre de consultations), ce qui conduirait à une «perte de 1,69%» avec l'inflation. Pire : «l'attractivité du métier a encore diminué auprès des étudiants»,constat qui se vérifie depuis trois ans lors des choix de postes de médecine générale à l'internat . A l'aube du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss 2008), MG-France «réitère sa demande de l'inscription des missions et du rôle des généralistes dans une loi». Nul doute que la sortie de la faculté, en novembre prochain, des premiers «spécialistes de médecine générale» issus du DES relancera le débat sur l'égalité tarifaire (C = CS, accès à la nomenclature des spécialistes).
Grain à moudre.
De nombreux médecins ont réagi à titre individuel aux statistiques fiscales du réseau des AGA pour les confirmer, les nuancer ou les contester. Le Dr C., radiologue dans les Yvelines, ne se reconnaît nullement dans l'évolution de 14 % du revenu affichée dans sa spécialité. «J'ai vu mes bénéfices en chute libre depuis plus de dix ans et encore en 2006», affirme-t-il, avant d'évoquer les «cabinets du secteurI qui vont droit à la faillite et à la fermeture». De fait, dans cette spécialité, la situation est très différente pour les radiologues conventionnels, dont le bénéfice baisse, et ceux qui font des scanners et des IRM, dont le revenu a été dopé par la croissance des forfaits techniques. Un spécialiste en anatomo-cytopathologie «s'étonne» lui aussi de la forte progression du bénéfice enregistrée pour cette discipline en 2006 (12 %) dans un contexte où les charges augmentent et sans revalorisation «significative» pour les anapaths . Le Dr K., chirurgien viscéral, rappelle à juste titre les écarts de revenus au sein des spécialités chirurgicales, que ne saurait résumer le chiffre du bénéfice des chirurgiens généraux.
Quoi qu'il en soit, les partenaires conventionnels auront du grain à moudre lors des négociations de fin d'année : les attentes sont fortes, qu'il s'agisse de la Ccam clinique (refonte de la grille des consultations), des mesures d'accompagnement pour les disciplines pénalisées par le parcours de soins ou encore du secteur optionnel, censé octroyer demain à certains spécialistes des suppléments de rémunération encadrés et remboursés.
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