Lorsqu’on s’intéresse aux thématiques touchant à la sexualité, les enquêtes soulignent d’emblée deux types de phénomènes. En premier, la préoccupation des patients concernés ; et en second, l’exploitation malhonnête de cette problématique, notamment via la vente par Internet de « pseudomédicaments ».
Dysfonction érectile : faux et usage de faux
On estime à environ 10 000 le nombre de websites qui vendent des inhibiteurs des phosphodiestérases de type 5 (IPDE5) en ligne (Viagra majoritairement). Seulement 7% des pharmacies en ligne ont de vrais pharmaciens et 70% violent les lois de la propriété intellectuelle. Or, 72% des hommes achètent leur IPDE5 sur Internet en dehors du système de santé normal, alors que 62% sont des « fake » (faux), pouvant ne contenir aucun principe actif, ou être surdosés en IPDE5, ou encore contenir des amphétamines ou des antidiabétiques oraux. Le danger est réel : en Asie, plusieurs dizaines de décès ont été ainsi rapportés. Enfin, la moitié des produits naturels (« herbal ») vendus pour améliorer la performance sexuelle contient une dose variable d’IPDE5… L’ensemble représente un total faramineux : 2 millions de comprimés sont vendus par mois (soit 4 % des ventes de médicaments sur Internet), et 6 comprimés de Viagra sont pris par seconde depuis 1997 par 35 millions de patients. Seul moyen d’aider les patients qui ont des problèmes avec les médicaments obtenus par cette filière : déclarer les effets indésirables auprès de l’Afssaps et signaler les sites Internet pourvoyeurs…
Ejaculation précoce : une dérive probable
Contrairement à la dysfonction érectile, il n’y a pas de traitement à la demande pour ce type de problème aujourd’hui en France. Une molécule (la dapoxétine) est cependant déjà commercialisée dans d’autres pays. Il faut donc s’attendre à trouver le même engouement de la part des patients pour cette molécule qu’avec les IPDE5, et se préparer à en encadrer la prescription en tenant compte des composantes psycho-sexothérapeutiques et génétiques. Ce d’autant que cette problématique est fréquente :
- à la question « Ejaculez-vous trop rapidement, y compris avant de pénétrer votre partenaire ? » 22 % des hommes ont répondu « souvent et parfois » (enquête ACSF, Nature, 1992, 360 : 40) ;
- à la question « prendriez-vous un traitement pour retarder votre éjaculation ? », 38 % des hommes ont répondu « oui », leur temps moyen pour éjaculer étant de 5,4 minutes. Le temps moyen pour éjaculer après pénétration vaginale est de 9 à 11 minutes pour les hommes ne se plaignant pas d’éjaculation prématurée et de 2 à 4 minutes pour les hommes souffrants d’éjaculation prématurée (Giuliano et al. EurUrol. 2008 May ;53(5) :1048-5).
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